Le chef de l'Etat a exhorté le personnel médical à prendre soin des blessés et à faire de leur mieux pour les aider à surmonter cette épreuve. Dans une atmosphère hivernale grisâtre, l'infrastructure hospitalière Mustapha-Pacha semble se livrer, hier, à un mouvement peu ordinaire, à l'annonce de la visite du président Bouteflika. Tous les accès ont été bouclés par une présence policière des plus musclées. L'entrée principale de l'hôpital a été également fortement cadenassée, ne laissant qu'une petite portière d'accès où sont contrôlés minutieusement les visiteurs. Le Président arrive. La cour qui semblait être, il y a quelques minutes seulement, une véritable ruche, devient vide, parcourue horizontalement et verticalement par un vent glacial. Seuls les gémissements des victimes des deux attentats de mercredi remplissent les lieux. L'unité Desmares du service ophtalmologie de l'hôpital Mustapha-Pacha étant la première escale du chef de l'Etat. Accompagné par le chef de service de cette unité, Abdelaziz Bouteflika, visiblement affligé, a eu droit à des explications détaillées sur l'état de santé des quatre blessés encore sous contrôle médical. L'établissement a vécu dans l'horreur et la panique, les premiers instants terribles, effroyables et apocalyptiques des deux attentats, où des blessés ensanglantés sont acheminés tels des guerriers de premier carré. Le chef du service ophtalmologie a rassuré le Président Bouteflika quant à l'amélioration très prochaine de l'état de santé des blessés. Première bonne nouvelle. Les quatre blessés, à en croire le docteur, ont été opérés d'urgence après leur admission à l'hôpital. Séquence attristante, les enfants n'ont pas été épargnés par la lâcheté terroriste. Tout le monde s'est arrêté lorsque on a franchi le service de la chirurgie infantile. Seul le battement d'un coeur innocent et d'une âme angélique se fait entendre, ne laissant nul indifférent à la douleur de cet enfant de 5 ans aveuglé par le souffle et les éclats de verre. Son père, aux yeux, enfoncés du fait, peut-être, d'une insomnie, expliqua au Président que cet ange, victime de la bêtise humaine, était, au moment du drame, de passage devant la Palais du gouvernement, avec ses parents, dans une voiture. Impossible de résister à ces images. Dans la salle, les plus sensibles ont eu droit à de longs moments de tristesse et de désolation. L'enfant, par inconscience ou par innocence, ignorant totalement les conséquences de sa blessure, tentait vainement de consoler son père qui larmoyait à chaudes larmes en lui demandant à plusieurs reprises de cesser de pleurer. La salle entière résonne de ses sanglots, presque même aux derniers recoins de l'établissement. Sa maman, atteinte elle aussi à l'oeil, est gardée également, toujours en observation au service ophtalmologie. Elle réclamait sans cesse l'état de son enfant, le coeur déchiré, chagriné, loin de sa progéniture. Appelé à faire le compte rendu au chef de l'Etat, le Pr Ladjadj Yasmina, chef de service de la chirurgie infantile, explique que le personnel médical a jugé nécessaire de garder l'enfant loin de sa mère pour des raisons d'ordre psychologique. Dehors, grise est l'atmosphère, faisant du décor une scène mélancolique, l'esprit empli par de dramatiques réminiscences. Le président de la République s'est, ensuite, dirigé au service de la neurochirurgie où, encore trois autres blessés des attentats, sont toujours gardés en observation. Abdelaziz Bouteflika a, d'un accent grave, exhorté, sur place, les responsables de l'hôpital et le personnel médical à prendre soin des blessés et à faire de leur mieux pour les consoler, les aider à surmonter cette épreuve. Tout le monde est en émoi. Certainement toute l'Algérie aussi. Nous apprenons, sur place, qu'environ une vingtaine de blessés sur les 143 admis au CHU Mustapha-Pacha, après les attentats, sont toujours en observation dans les différents services. Cette infrastructure, rappelons-le, a déploré 7 décès dont 4 ont nécessité la collaboration de la police scientifique et des proches pour leur identification. Epouvantable!