C'est un tableau critique de l'Algérie qui a été dressé dans le rapport du département américain. Dans son rapport annuel consacré à l'Algérie, le département de Colin Powell a mis particulièrement l'accent sur la situation sécuritaire qu'il juge «encore inquiétante» et les dérives qu'elle a engendrées dans son sillage en termes d'atteinte aux droits de l'Homme. Le document a surtout mis en cause les services de sécurité «dans les massacres de civils et d'individus suspectés d'appartenir aux groupes islamistes armés, de tortures et d'enlèvements», occultant, de ce fait, l'ampleur des actes ignobles commis par les groupes armés, même s'il est fait référence dans ce même rapport, que «les massacres de civils par les groupes armés continuent, ce qui rend la situation sécuritaire inquiétante». Le rapport en question, édité par le bureau de la démocratie des droits de l'Homme et du travail du département américain, a soulevé la question des disparus. S'appuyant sur les rapports d'Amnesty International, il écrit à ce sujet: «Depuis 1994, plus de 4.000 personnes ont été portées disparues après avoir été enlevées par les services de sécurité.» Et de noter: «Il n'y a pas eu de rapport clair et crédible de la part du gouvernement algérien sur les disparus là où les forces de sécurité sont impliquées.» Evoquant le problème de la Kabylie, le document écrit: «Le gouvernement algérien a recours à la force de façon excessive», conduisant à «la restriction des libertés individuelles et des champs d'expression». Le même rapport a relevé les conclusions du professeur Issad où ont été accusées les forces de sécurité, sans un mot sur le rapport Bayoud. «Les forces de sécurité ont commis de sérieux abus, notamment par l'usage de munitions de guerre ayant conduit à la mort de 45 jeunes, parmi les manifestants qui ripostaient par des cailloux et des cocktails Molotov.» Dans le même document, on déclare que la «politique étrangère du pays est largement influencée, ou décidée par l'institution militaire». Toujours à propos de l'armée, le rapport écrit que «l'appareil exécutif demeure l'otage des militaires». La rédaction du rapport a été dominée par un raisonnement par l'absurde. Il consiste à relever les droits et les libertés garantis par la Constitution algérienne, puis à démontrer par des exemples ou des référence aux rapports d'autres ONG, le piétinement de ces mêmes droits. A ce propos, le même rapport note que la femme algérienne subit encore les affres de la discrimination, notamment par la violente domestique et les «restrictions de ses libertés par le Code de la famille». S'agissant des médias, le rapport a souligné qu' «ils sont relativement indépendants», néanmoins, note-t-il, «le gouvernement contrôle encore la radio et la télévision, bien que ces dernières aient rapporté les événements de Kabylie». Mais à propos du Code pénal du 27 juin 2001, il relève que «le gouvernement a persécuté durant toute l'année quelques journalistes pour diffamation». Le document a signalé, en outre, que ce même Code pénal a institué des restrictions religieuses, puisque «de lourdes amendes ainsi que des peines allant jusqu'à 24 mois d'emprisonnement ont été prévues», a-t-il écrit. En somme, c'est un tableau critique de l'Algérie qui a été dressé dans le rapport du département américain. Toutefois, le document a noté quelques aspects positifs. Il s'agit notamment «de sérieuses avancées enregistrées dans le domaine de réformes économiques et des institutions bancaires», tout en déclarant que le squelette de l'économie algérienne repose sur les hydrocarbures. L'autre aspect positif signalé dans ce rapport, concerne «le travail et l'exploitation des enfants qui tendent à disparaître en Algérie».