Espérons que les victoires de la JSK et de l'ESS ne nous berceront pas d'illusions. Le train de la Coupe d'Afrique s'est arrêté, définitivement, samedi soir, en gare de Khartoum pour l'ASO Chlef. Quelque part, pour cette équipe, le fait d'être parvenue à une encablure de la phase de poules de la coupe de la CAF, représentait une sacrée performance. Non pas que la compétition continentale soit trop grande pour elle mais en raison d'une inexpérience qui devait bien, un jour, la trahir. Son rêve n'était, peut-être, pas de remporter cette compétition, cependant, elle se serait largement suffi d'une qualification à la phase de poules. Seulement voila, il y a eu un tour de trop pour elle, celui qui vient de la voir céder devant les Soudanais d'El Merrikh. Battue, 3-0, à Khartoum elle est tombée de haut et devra remettre à plus tard ses ambitions continentales. Il reste que sa participation n'a pas été entièrement négative puisqu'elle a pu passer deux tours dont le deuxième a été marqué par une victoire au Caire face à l'Enppi, qualifiée de véritable exploit. Exploit, en effet, d'une équipe dont les moyens sont tellement dérisoires qu'elle fait de la corde raide pour satisfaire son engagement. Elle s'arrête, donc, et va devoir se consacrer au Championnat national où elle a les plus grandes chances de se qualifier pour la troisième année de suite à une compétition internationale. On ne connaît pas beaucoup de nos clubs qui peuvent en dire autant même des clubs aux moyens nettement plus élevés que ceux de Chlef. Ceci dit, l'ASO se retire et laisse la vedette à deux autres équipes qui, elles, n'ont pas raté le rendez-vous qui leur était fixé lors de la manche retour de leurs compétitions respectives. La JSK et l'ESS ont réussi, de ce fait, leur pari et ont permis au terne football algérien de reprendre des couleurs. Mais que l'on soit bien d'accord: aussi belles auront été ces deux qualifications, elles ne sauraient faire croire qu'il s'agit d'une embellie de notre football. Celui-ci accuse un tel retard que ce ne sera pas un passage en finale de Coupe arabe ou un autre en phase de poules en Coupe d'Afrique qui vont le mettre sur les rails de la réussite. Disons que les exploits de la JSK et de l'Entente sont deux épisodes heureux pour notre football mais sans plus. Nos propos peuvent paraître inappropriés en ces temps de victoires, mais il suffit de s'en tenir aux déclarations de Moh Chérif Hannachi, le président de la JSK, pour s'apercevoir que nous ne sommes pas dans le faux. Etant celui qui préside le club algérien le plus expérimenté sur le plan international, Hannachi passe pour être quelqu'un qui connaît bien le niveau du football algérien. C'est pourquoi il n'a jamais eu de cesse d'affirmer que l'objectif essentiel de son équipe est de se qualifier pour la phase de poules de la Champion's League africaine et qu'elle ne pouvait avoir l'ambition de remporter le trophée puisque dans cette compétition on trouve des clubs aux moyens nettement supérieurs au sien. Hannachi aurait pu dire que la JSK est en mesure de remporter le trophée. Il ne le dit pas parce qu'il sait qu'il lui faut, pour cela, plus que ce qu'elle a en ce moment. On dira, alors, qu'il y a l'ESS qui a réussi à atteindre la finale de la Champion's League arabe, une belle performance qui, cependant, ne peut être prise pour un exploit aux dimensions démesurées, la compétition arabe ayant un niveau vraiment en deçà de celui de la Coupe d'Afrique. La preuve, regardez où sont engagés les Ahly du Caire, ES Tunis ou Es Sahel. Il reste que la JSK et l'ESS ont permis aux supporters algériens, longtemps sevrés de résultats positifs obtenus au bout d'un insoutenable suspense, de s'éclater et de faire la fête. Dans la mouise d'une discipline tellement médiocre au vu de son Championnat national, il faut accueillir ces résultats avec une grande satisfaction mais la grande crainte est qu'ils ne nous berceront d'illusions avant de nous laisser retomber dans les affres des rencontres locales dont certaines en arrivent à vous faire détester le football.