Soltani aspire à doubler les scores de 2002 pour arrimer son pouvoir en 2012. La campagne électorale n'a pas encore pris sa vitesse de croisière. Mais elle s'annonce déjà rude entre les trois partis de l'Alliance. Chacun veut faire la démonstration de force par le vertige du nombre. C'est du moins ce qui ressort de la première journée de campagne. Le président du Mouvement de la société pour la paix, Boudjerra Soltani, a choisi le travail de proximité. Il a fait une tournée à Alger, en allant se recueillir à la mémoire du défunt Mahfoud Nahnah, au cimetière El Alia, en signe de fidélité à la ligne tracée par le fondateur du parti. Il a, dans la foulée, eu une pensée pour les victimes des attentats du 11 avril à Alger. Il a ensuite tenu meeting aux Eucalyptus, un hameau à l'est d'Alger qui a subi de plein fouet les revers de la crise sécuritaire. Soltani a dû rappeler les chiffres qui encombrent la mémoire collective; «plus de 100.000 victimes et 26 milliards de dollars de perte à l'Etat, en plus de 15 ans de retard dans le développement du pays»; chiffres auxquels il faut ajouter 6000 disparus, des centaines de milliers de victimes et les plaies béantes que les ordonnances de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale tentent de fermer en gaspillant un temps fou. Le premier responsable du parti a apostrophé ses partenaires de l'Alliance autant que ceux de l'opposition, sans les citer nommément, en leur suggérant de mettre un terme aux monopoles du «nationalisme, de la démocratie et de l'islamisme». Il lance, dans la foulée, un avertissement à ceux qui pensent détourner les voix des électeurs et les conséquences qu'ils peuvent engendrer, les sommant de «respecter le choix du peuple». En même temps, il fait une séance de séduction envers la base de l'ex-FIS, promettant -une fois confortablement installé à l'APN- de légiférer dans le sens de les réhabiliter en ouvrant le champ politique à tous les Algériens, sans distinction. Soltani considère que les élections du 17 mai constituent «la clé» qui permettra de trouver les solutions à la situation abracadabrante dans laquelle s'enfoncent les jeunes générations parce qu'ils n'ont plus le droit de rêver des lendemains meilleurs. La clé est entre nos mains, dit-il, il ne faut pas la perdre. Le rétablissement de «la confiance du citoyen envers ses institutions et ses élus» ne peut se faire que si les électeurs prennent la peine d'aller voter; il les incite à «voter massivement le jour du scrutin». Le président du MSP se place dans la durée. Il affirme que son parti «ne se contentera pas de participer au gouvernement, mais oeuvrera pour arriver au pouvoir de façon pacifique et démocratique». Comme il a annoncé que si son parti «obtient un score satisfaisant aux prochaines législatives, il oeuvrera pour l'établissement d'un Etat de droit dans le cadre de la bonne gouvernance». «Nous sommes venus aujourd'hui vous présenter nos hommes et nos programmes pour édifier ensemble l'Etat algérien dont rêvaient les martyrs de la glorieuse guerre de Libération nationale. Un Etat démocratique et social dans le cadre des principes de l'Islam», conclut-il. Il était hier à Tissemsilt et Aïn Defla. Il est attendu aujourd'hui à Tizi-Ouzou pour convaincre les électeurs sceptiques. La campagne électorale en cours n'est pas de tout repos. Les responsables de parti se démènent comme des fous.Il faut dire que la polémique et la surenchère n'a pas encore pris le dessus. Les surprises, il y en aura parce que l'enjeu est immense et se joue dans un mouchoir de poche.