Les listes indépendantes tentent tant bien que mal de susciter la curiosité. La campagne électorale entre dans sa deuxième semaine sans pour autant emballer le citoyen qui se montre encore assez réticent. Même le passage de grosses cylindrées partisanes à Béjaïa n'a pas eu l'effet escompté. La campagne reste morne. D'où cette option pour une campagne de proximité qui a, non seulement l'avantage de camoufler la défection, mais aussi d'affronter directement les électeurs. Certaines listes réussissent, cependant, à échapper à cette situation de morosité. Si les partis politiques ont pu tenir des meetings ce week-end en faisant appel à leurs leaders, les listes indépendantes, privées de cet avantage puisque ne possédant pas de leader, tentent tant bien que mal de susciter la curiosité. A Béjaïa, celles qui réussissent quand même le pari de réunir du monde autour de leurs sorties, sont celles qui sont drivées par des gens connus et cela se fait généralement dans leur fief. La liste n°01 «Fidélité» conduite par Meziane Belkacem et la liste n°05 drivée par Bezza Benmansour s'en sortent assez bien en drainant du monde là où elles sont particulièrement portées. Meziane Belkacem a rempli la salle du cinéma d'El Kseur sur fond d'un débat qui illustre l'intérêt des gens pour cette liste, composée essentiellement des transfuges du RCD. Homme fort médiatisé lors de la crise autour du projet Alexo, Meziane Belkacem a su capitaliser la guéguerre de l'époque pour, aujourd'hui, susciter une certaine sympathie auprès des gens curieux de savoir qui est cet homme qui a tenu tête au chef du RCD. L'autre liste, qui arrive à tenir des meetings populaires auxquels d'ailleurs ses membres sont habitués, est la liste «Citoyenneté», drivée par Bezza Benmansour, connu sur la scène politique du temps où il était au RCD puis dans le Mouvement citoyen des archs, la liste «Citoyenneté» développe un discours qui tient la route si on considère l'attention que lui accorde la population dans certaines localités. «L'union», conduite par un syndicaliste issue du milieu éducatif, M.Louhab Khoullalèn, «Les forces du peuple» à sa tête un chirurgien de renommée régionale, sont d'autres listes qui peuvent créer la surprise face à une classe politique qui, lorsqu'elle ne vit pas au rythme des luttes intestines, verse dans l'invective. Que ce soit en campagne de proximité ou en conférence et meeting, cette liste plaide pour une démocratisation des institutions de l'Etat par la réfondation de celles-ci, pour la stabilité et pour une croissance durable et un investissement hors hydrocarbures. Chose qu'elle partage, d'ailleurs, avec d'autres listes. Il s'agit pour les indépendants de traiter, par ricochet, le chômage endémique de façon effective. Le traitement social qui est réservé jusque-là à ce phénomène, qui touche la frange juvénile de la société, doit changer estiment les indépendants, qui dénoncent également sur le plan local, l'absence de perspectives et de projections pour le développement de la wilaya de Béjaïa. les indépendants défendent un plan de développement qui répond à la vocation historique et naturelle de la région, tels le tourisme, l'agriculture, la petite et moyenne entreprises et les services. Avec sa vallée, ses 100km de côte, ses montagnes et ses forêts, Béjaïa reste une région bien indiquée pour un développement qui s'articule autour des axes structurant l'économie locale. Mais peut-elle pour autant attirer les investisseurs? Pour cela, les indépendants des listes «citoyenneté» et «Fidélité» même de «l'Union» insistent pour que l'Etat investisse conséquemment dans l'infrastructure de base. L'aménagement du port, l'extension de l'aéroport, la bretelle autoroutière et le dédoublement de la voie ferrée sont nécessaires, estime Bezza Benmansour de la liste «Citoyenneté». En politiciens avertis, les indépendants axent le plus souvent leurs interventions sur des questions liées au quotidien des citoyens. Ils constituent, à présent, une sérieuse menace pour les partis politiques dont certains ne ratent aucune occasion pour les fustiger. Seront-ils les trouble- fêtes de ces législatives?