Bouteflika entend approcher la question féminine en termes de débat à approfondir, avant d'aller vers une décision politique. Le Président de la République a adressé avant-hier un message aux femmes algériennes. Un signal essentiellement dirigé à la gent féminine, mais qui, néanmoins, brasse un ensemble de sujets d'intérêt national. Le chef de l'Etat semble avoir saisi l'occasion du 8 Mars pour dire aux femmes l'état de la nation et les perspectives à venir, à quelques semaines du prochain rendez-vous électoral. C'est ainsi qu'il a évoqué la situation sécuritaire, insistant sur la nécessité de poursuivre la lutte antiterroriste afin de «mettre définitivement un terme au terrorisme et à la violence qui ont conduit à la destruction de nos structures administratives et sociales». Une détermination réaffirmée donc, sans aucune référence à la réconciliation nationale ou à autre concept du genre. Bouteflika ouvre, en ce 8 Mars, la voie à un discours clairement orienté sur une Algérie «réconciliée avec elle-même et forte de toute ses spécificités». Le chef de l'Etat estime avec la même détermination qu'«il sera possible de vaincre définitivement le terrorisme, de rétablir la paix et de faire avancer les reformes», pour peu que les Algériennes et Algériens y mettent du leur. Cela étant, le chef de l'Etat reconnaît que l'arsenal juridique, qui gère la condition féminine en Algérie, est «entaché de discrimination, pour ne pas dire d'injustice». Il relève, pour ce faire, les contradictions qui ressortent entre les garanties à l'égalité des droits entre les hommes et les femmes, consacrée par la Constitution d'un côté, et les défaillances constatées dans le Code de la famille de l'autre. Bouteflika pose, en fait, la question de l'adaptation entre les deux textes. Une manière à peine voilée d'affirmer l'anticonstitutionnalité du Code de la famille. Plus pédagogue que politique, le chef de l'Etat, qui relève que «ce problème national, voire Mondial» gagnerait à être pris en charge par des «spécialistes, des sociologues, des savants en droit musulman et des juristes» pour apporter «des réponses aux plans politique et législatif qui mettront en adéquation les aspirations réelles de la femme et l'environnement social et institutionnel qui, à bien des égards, demeurent malheureusement très contraignants». Selon le Président de la République, l'intervention de la sphère savante de la société est à même de dépassionner la question qui se retrouve actuellement au centre des surenchères. En fait, le chef de l'Etat entend sortir les débats sur la condition de la femme en Algérie de leur carcan politicien. «Comme la société est en perpétuelle évolution, il va de soi que la loi doit également évoluer et au même rythme», a précisé Bouteflika qui semble souhaiter une évolution qui ne remette pas profondément en cause les traditions de la société algérienne. En d'autres termes, le premier magistrat du pays entend approcher la question féminine en termes de débat à approfondir, avant d'aller vers une décision politique. A ce propos, le chef de l'Etat appelle à la réflexion «toujours en cours» sur l'apport de la femme dans le processus de développement de la société et sur son rôle dans la gestion du pays qui «doit être menée à son terme et dans la sérénité». Abordant de manière frontale la question de l'heure, à savoir les prochaines élections législatives, le Président Bouteflika affirme que cette nouvelle échéance aura pour effet «d'approfondir le processus démocratique et d'opérer des choix responsables». De plus, intervenant d'une manière indirecte dans les débats préélectoraux, le chef de l'Etat espère que ce choix responsable se fera en ayant en mémoire «l'expérience dramatique» de la décennie rouge caractérisée par des «errements qui ont entamé la confiance des citoyens dans l'Etat». Sans commentaire.