La décantation se fera sur la base de ce thème au sein même de l'Alliance présidentielle. Les éléments de l'ex-AIS étaient au premier rang, jeudi à Oran. Très attentifs au discours de Belkhadem, ils n'ont pas été déçus. Puisqu'il leur a affirmé que la Charte pour la paix et la réconciliation nationale «doit être mise en oeuvre et appliquée dans son intégralité, car c'est un choix du peuple algérien». C'est en substance l'objet du deal passé avec eux pour obtenir leur soutien. «Nul ne doit et ne peut s'opposer à cette volonté massivement exprimée par le peuple et aucun obstacle ne peut entraver sa matérialisation», ajoute Belkhadem sous un tonnerre d'applaudissements. Pris par le vertige des foules, il poursuit: «La réconciliation nationale est l'expression de l'aspiration du peuple algérien à la paix, à la stabilité, à l'unification de ses rangs et à l'arrêt de l'effusion de sang, barrant ainsi la route aux éradicateurs, aux ennemis de l'Algérie et à tous ceux qui veulent perpétuer la fitna (...) C'est grâce à la réconciliation nationale que nous cueillons et savourons les fruits de cette démarche courageuse et civilisationnelle (...) Cette politique a permis à ceux qui ont pris le maquis de retrouver leur place dans la société, aux victimes de dépasser les rancoeurs et de panser leurs blessures, à effacer le spectre de la peur et du terrorisme et à réunifier les rangs des Algériens.» La secrétaire générale du PT, Louisa Hanoune, a également loué les bienfaits de la Charte pour la paix et la réconciliation et appelé «à la consolidation de ses résultats par d'autres mesures à même de contribuer à la sécurité et à la stabilité définitives en Algérie». Comme elle suppose que «cette démarche va mettre le pays à l'abri de toute ingérence étrangère et permettre l'exercice véritable de la démocratie». Le secrétaire général du mouvement En Nahda, Fatah Rebaï, abonde dans le même sens. Il a réclamé à partir de Guelma et de Constantine une amnistie générale pour tous les islamistes impliqués dans le terrorisme. M.Rebaï a souligné la nécessité de promouvoir la réconciliation nationale et d'instaurer une «amnistie générale pour consacrer définitivement la stabilité et la paix dans le pays», au cours d'un discours électoral à Guelma (Est). Le dirigeant précise que l'amnistie générale «devra compléter» les mesures de clémence au bénéfice d'islamistes mises en oeuvre par les politiques successives dites de la rahma (clémence) en 1995, de la «concorde civile» (1999) et la Charte pour la paix et la réconciliation nationale entrée en vigueur en février 2006. Depuis Béjaïa, le secrétaire général du Mouvement pour l'entente nationale (MEN), Ali Boukhezna, a estimé que «la réconciliation nationale est une option irréversible», dans la mesure où elle permet à l'Algérie de «panser ses blessures, rassembler ses enfants, se ragaillardir et consolider son développement (...)». Ainsi, depuis l'appel lancé par l'ancien dirigeant de l'ex-FIS à l'étranger, Rabah Kebir, à ses partisans, pour aller voter massivement le 17 mai, la course est lancée en direction de la base du parti dissous. A noter que la réconciliation est un programme national fondé sur la tolérance et destinée à construire l'Algérie de demain. Le FLN, le PT, le MSP, El Islah, En Nahda, etc. mettent en exergue le projet de réconciliation qui était en panne, jusqu'aux derniers attentats d'Alger qui ont, contre toute attente, donné un coup d'accélérateur au processus, devenu, dès lors, le challenge de la campagne en cours. De l'autre côté, on retrouve le RND, le RCD, l'ANR, le MDS, etc. qui prônent la solution sécuritaire absolue même s'ils mettent parfois de la menthe dans leurs discours, pour ménager la personne du président de la République, champion de la réconciliation. Pour le FLN, le thème offre une opportunité de dépasser les obstacles internes en donnant une autre dimension à la compétition. Désormais, la décantation se fera sur la base de la donne liée à la réconciliation. Cela représente en soi un tournant dans la campagne finissante. L'apparition des islamistes aux premiers rangs d'un meeting du FLN est symbolique. Ces derniers veulent signifier leur engagement aux côtés des candidats réconciliateurs, pourvu qu'ils n'oublient pas leurs promesses une fois confortablement installés dans leurs sièges de député.