Depuis l'arrestation de Ressam, par le FBI, pour tentatives d'attentats contre les USA à partir du Canada, Ottawa semble revoir sérieusement les dossiers des membres du GIA auxquels il avait accordé le droit d'asile. Mourad Ikhlef, l'un des proches d'Ahmed Ressam, pourrait être le premier membre du GIA à être extradé du Canada vers l'Algérie. Réfugié politique depuis quelques années au Canada, cet Algérien de 34 ans est soupçonné par les services secrets d'Ottawa, d'être un complice du terroriste Ahmed Ressam arrêté par le FBI pour tentative d'attentats contre les USA à partir du Canada. La décision d'expulsion intervient à la suite du jugement vendredi d'un tribunal fédéral estimant qu'il pouvait représenter «une menace pour la sécurité nationale». Le juge Pierre Blais a déterminé qu'il y avait des «motifs raisonnables de croire» qu'il représentait un danger pour la sécurité du public. Arrêté en décembre à Montréal, Mourad Ikhlef s'est défendu devant la cour d'avoir aidé son compatriote Ahmed Ressam à fomenter un attentat à l'aéroport de Los Angeles pour les fêtes du passage à l'an 2000. Ressam, condamné depuis aux Etats-Unis, a accepté de collaborer avec les policiers américains en échange d'une réduction de sa peine, mais il n'a jamais nommé directement Ikhlef dans ses aveux. Dans des documents déposés en cour, le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) dit «croire qu'Ikhlef s'est livré à des actes de terrorisme et est ou a été membre du GIA». Son avocat, Claude F. Archambault, a déploré le fait qu'il n'ait pu avoir accès à toutes les preuves accablant son client, et qui ont été montrées uniquement au juge par les services secrets. D'origine kabyle, Mourad Ikhlef, qui a obtenu l'asile politique au Canada en 1994, a été condamné par contumace à la peine de mort en Algérie pour constitution de groupes armés, sabotage et détention d'armes, des accusations qu'il réfute en bloc. A Montréal, où il est marié et père de deux enfants, il fréquentait parfois un appartement où sont passés Ahmed Ressam, Fatah Kamel et Saïd Atmani, des membres d'un réseau de trafiquants de faux documents emprisonnés en France. Ces membres ont tous des points en commun. D'abord, ils sont tous passés par Paris ; ils sont cités dans des enquêtes antiterroristes enclenchées en France où en Angleterre; enfin les Américains sont convaincus qu'Ahmed Ressam, Mourad Ikhlef, Fatah Kamel et Saïd Atmani activaient tous sous la houlette d'un certain Abou Doha, actuellement emprisonné à Londres dans le cadre de l'enquête internationale contre le terrorisme. Le FBI a longtemps demandé son extradition vers Washington, mais Londres refuse toujours de le faire. Profitant de la nouvelle donne, suite aux attentats du 11 septembre, les autorités algériennes ont entamé une vaste campagne pour pousser les pays hébergeant des Algériens recherchés par la justice algérienne à les livrer. Cette campagne semble porter ses fruits avec les pays d'Amérique du Nord alors que l'Europe continue de tempérer avec ce dossier qui traîne depuis plus de 5 ans. A ce titre, les Américains se sont montrés coopératifs à travers la prochaine extradition des six Algéro-Bosniaques détenus à Guantanamo, alors que le Canada sera probablement le premier pays à livrer à Alger, des membres du GIA.