La défection et le désintéressement affichés par les citoyens à l'égard des candidats et leurs discours électoralistes, ont fini par se traduire par un taux d'abstention élevé, soit 28,28%, à Bouira, où le vote a été une épreuve difficile tant pour les partis que pour les candidats en lice. Néanmoins, il y a lieu de constater que cette fois-ci et contrairement aux scrutins précédents, le «gâteau» des sièges à la députation a été équitablement partagé entre les différents participants. Aussi sur les huit sièges en compétition les deux partis mastodontes, en l'occurrence le FLN et le RND, n'ont pu avoir que deux sièges chacun. Les quatre sièges restants ont été répartis entre le RCD, le MSP, le MEN et enfin la liste indépendante numéro une drivée par madame Saoudi Dalila qui avait réussi à avoir 7820 voix sur les 99.809 voix exprimées. Ainsi, la majorité écrasante des citoyens, qui se sont déplacés vers les bureaux de vote avec l'idée de s'exprimer, l'ont fait non pour une quelconque conviction politique mais pour des raisons tout à fait subjectives. En effet, dans la wilaya de Bouira à l'image des autres régions du pays, les gens ont voté pour trois principaux motifs. L'argent: dans beaucoup de centres de vote, on a constaté, avec preuve à l'appui, que des électeurs avaient été payés pour aller voter pour tel ou tel parti ou candidat. Deuxièmement, il faut souligner qu'une grande partie des électeurs était acquise à un vote tribal et s'est exprimée uniquement pour élire «l'enfant du terroir». En ce sens, certains candidats n'ont réussi leur passage que grâce aux archs. C'est le cas du candidat du Mouvement de l'entente nationale, un certain Chaâb originaire de Dirah qui avait pu décrocher un siège avec 5677 voix. Enfin, la troisième catégorie de votants s'est présentée par contrainte et par crainte de représailles administratives. Cette frange a glissé un bulletin neutre ou non conforme dans l'urne, juste dans le but de faire apposer le cachet sur leur carte d'électeur. A souligner enfin que dans certaines communes de la wilaya de Bouira, l'opération de vote a été entachée d'irrégularités, des dépassements et des tentatives de fraude. A cet effet, il y a lieu de citer les centres de vote des localités de Djebahia et de Ain Laloui où les observateurs ont dénoncé l'anarchie qui avait sévi et du parti pris des responsables locaux au profit d'un parti politique. A Djebahia précisément, les citoyens ont dû assister à une bataille rangée entre les militants du RND, à leur tête le président d'APC, et les fidèles du FLN qui avaient fait déplacer sur les lieux l'ex-ministre du tourisme et tête de liste FLN, en l'occurrence Mohammed-Seghir Kara. Ainsi, les incidents majeurs qui avaient caractérisé l'opération de vote à Bouira avaient mis en confrontation les deux grands partis rivaux du pays, le RND et le FLN. Si le premier n'a pu comptabiliser que 14.472 voix sur l'ensemble des suffrages exprimés, le second a réussi à accaparer 18.546 voix sans arriver pour autant à décrocher un troisième siège.