Certains redoutent l'effet des appels au boycott, mais surtout le désintéressement affiché par les citoyens. C'est parti pour une nouvelle Assemblée. Il est question, en premier lieu, de redonner à l'institution législative ses repères. Le taux de participation au scrutin, qu'on le veuille ou non, est le premier gage de crédibilité. C'est un enjeu crucial. D'ailleurs, les partis en lice et les candidats à la députation ont scandé, le long de la campagne, tous les slogans anti-abstention. Tout le monde est jeté dans la balance. C'est l'heure de vérité. Ou bien ce sont les candidats qui feront pencher la balance de leur côté, ou alors le spectre de l'abstention, conforté par les appels au boycott lancés ça et là, prendra le dessus. Nul n'est sûr surtout de sa destination finale, même si les partis ont annoncé, dès les premiers jours de campagne, leurs grosses «mises». Le RND a misé sur la deuxième position, autrement dit une soixantaine de sièges, tandis que le MSP a compté obtenir les 30%, soit une centaine de sièges à l'Assemblée. Le FLN, quant à lui, est allé jusqu'à réclamer la majorité des sièges. Les autres partis, pris, comme à l'accoutumée, par un brusque intérêt politique, risquent carrément de perdre la bataille. Tout dépend de la participation ou non des 18 millions d'électeurs, selon les statistiques officielles. Le Front des forces socialistes, premier parti à avoir opté pour un «boycott actif», avait annoncé un taux d'abstention de 80%. Ce serait un tir à blanc, mais surtout une grosse perte si ce taux venait à être confirmé. Le plus ancien parti d'opposition n'est pas le seul à avoir appelé au boycott. Il existe aussi derrière la scène, un Abdellah Djaballah déchu et un Ahmed Meliani qui dirige la deuxième aile radicale du Mouvement démocratique et social du défunt Hachemi Chérif ainsi que certains anciens dirigeants du FIS dissous. Ces derniers, pour des raisons connues et d'autres inexpliquées, n'ont cessé, avant même le début de la campagne électorale, de multiplier les appels au boycott. Ce n'est pas le seul risque pour les candidats. Car l'équation mettra sur la balance leur produit pendant les vingt jours de la campagne. Chez les partis et les candidats, certains redoutent l'effet des appels au boycott, mais surtout le désintéressement affiché par les citoyens. La campagne électorale qui n'a jamais été aussi fade et morne, n'a pas, faut-il le reconnaître, attiré beaucoup de monde. Certains partis donnaient l'impression de jouer leur destin au loto. «Si on veut approfondir la pratique démocratique, il faut élargir la participation», annonce, à chaque coin de rue, Abdelaziz Belkhadem, chef du gouvernement en campagne pour son parti, le Front de libération nationale. Tout le monde est atteint par l'hystérie abstentionniste. Mêmes les formations qualifiées de grosses cylindrées politiques. De son côté, Ahmed Ouyahia, patron du RND, a indiqué qu'il y aurait «un seuil de participation honorable». La déclaration suscite moult questionnements. Les candidats et les chefs de partis n'ont pas encore compris que les guerres ne se gagnent pas seulement sur les terrains de bataille. La preuve, les beaux vieux slogans n'ont pas fait remplir le panier. C'est le fruit amer de tout le parcours de la campagne. Et c'est le risque majeur du jour J. Le plus fort taux d'abstention a été toujours enregistré en Kabylie et à Alger. Y aura-t-il un remake, cette fois encore, des précédentes expériences électorales? Les deux régions sont, en tout cas, connues, en raison d'une opposition ancestrale et/ou absence de culture électorale, par un détachement de tout intérêt politique. En clair, le spectre de l'abstention risque de devenir une réalité. Car, dans les faits, plusieurs candidats ont bel et bien raté leurs sorties. Seule la volonté d'en finir avec une APN «dénaturée» est en mesure de sauver les meubles. Cela dépend aussi de ce que sera la future Assemblée. La balance des comptes demeure encore intacte. Entre l'abstention et la participation, seul le peuple décidera.