La tension sociale au Maroc ne cesse de monter d'un cran. Le Royaume chérifien a vécu un week-end mouvementé. De violents affrontements ont opposé, jeudi, près de Marrakech, les habitants d'un douar aux forces de sécurité marocaines appuyées par les unités de la gendarmerie et des hélicoptères. Ces dernières ont eu recours aux grenades lacrymogènes et tiré des balles en caoutchouc pour disperser les manifestants qui voulaient empêcher la destruction de leurs habitations. Les affrontements ont débuté lorsque les autorités locales eurent ordonné la destruction des habitations précaires, jugées illicites par les pouvoirs publics. Situé à 14km de Marrakech, le douar du village de Harbil a vécu un week-end violent. En effet, plusieurs dizaines de blessés ont été acheminés vers les centres de santé de la région, alors que de nombreux manifestants, dont des défenseurs des droits de l'homme ont été arrêtés. Par ailleurs, les manifestants en colère contre la décision des autorités locales de détruire leurs habitations, dont certaines encore en construction, ont incendié le véhicule d'un responsable local, alors que l'intervention des forces de sécurité a été très violente pour disperser les manifestants. L'opération de destruction fait partie du programme d'une commission locale de lutte contre les constructions illicites et qui a déjà ordonné la destruction de 50 maisons dans deux douars de la région de Marrakech. Le Royaume chérifien n'est pas à ses premières émeutes. La tension sociale n'a jamais cessé au Maroc. L'augmentation des prix ayant touché les produits de première nécessité, tels les carburants, le sucre ainsi que les transports en commun -entre autres- n'a fait qu'attiser le feu. Les syndicats marocains sont, à l'unanimité, toute colère dehors. Le gouvernement n'est épargné d'aucun opprobre. Il est accusé de la dégradation des conditions de vie des travailleurs et aussi d'avoir grevé le pouvoir d'achat des ménages. Cette fiévreuse recrudescence des tensions sociales n'est pas faite pour arranger les affaires du Makhzem et ne peut favoriser les surenchères politiques. Aussi, nul n'est censé ignorer que les maux dont souffre le Maroc ne sont pas liés aux conjoncturelles crises mais à des causes structurelles.