La Constitution devrait être la première source d'inspiration pour les responsables politiques. M.Abdelaziz Ziari, président de l'APN, a reçu dimanche à Alger une délégation conduite par le sénateur belge et président de la Coordination européenne. Le président de l'Assemblée populaire nationale (APN), M.Abdelaziz Ziari, a été reçu samedi à Alger par le président de Hongrie, M.Laszlo Solyom. Décidément, c'est le genre d'informations qu'on va entendre durant les cinq années à venir sur les activités de l'APN. Dès son premier discours adressé aux nouveaux députés, Ziari a annoncé la couleur. Il a mis en exergue le rôle diplomatique que compte jouer l'APN. Puis, à l'issue de sa rencontre avec le président hongrois, il a repris la même déclaration, à la radio, insistant sur «la diplomatie parlementaire». Mais il n'a soufflé mot sur les missions de l'APN. Jusqu'ici, le nouveau président de l'Assemblée parlementaire semble ignorer totalement les missions de l'institution qu'il préside. L'ancien ministre chargé des relations avec le Parlement qui a mené à bien sa mission de bons offices -puisqu'il est promu- a pris goût à l'action diplomatique. Sauf qu'en devenant président de l'APN, il doit changer complètement de concepts. La mission principale de son institution n'est pas la «diplomatie parallèle». L'Etat a un ministère des Affaires étrangères, des chancelleries (peut-être autant que les Américains), des consulats dans des coins perdus qu'on n'arrive pas à situer sur une carte, etc. Seul l'article 130 de la Constitution prévoit «A la demande du président de la République ou de l'un des deux présidents des deux chambres, le Parlement peut ouvrir un débat de politique étrangère. Ce débat peut s'achever, le cas échéant, par une résolution du Parlement, siégeant en chambres réunies, qui sera communiquée au président de la République». Hormis cette clause, la Constitution algérienne assigne le Parlement à d'autres missions dans les articles 99, de contrôle de l'action du gouvernement, dans les conditions fixées par les articles 80, 84, 133 et 134. L'article 119 lui accorde l'initiative des lois pendant que l'article 122 énumère les domaines où il peut légiférer. Il y a enfin toutes les procédures de contrôle allant jusqu'à la motion de censure dans les articles 133 à 137. Le nouveau président de l'APN a tout à gagner en relisant attentivement le texte de la Constitution. Ce sera sa meilleure source d'inspiration s'il veut rendre service à cette institution mal élue, en faisant l'effort de lui redorer son blason. Maintenant, quand le Parlement, avec ses deux chambres -très budgétivores, s'adonne à des activités purement diplomatiques, on est en droit de s'interroger sur le pourquoi des élections. Il suffirait dans ce cas de désigner les députés et les sénateurs des deux tiers élus restants pour être en symbiose avec les missions qu'on souhaiterait remplir. Dieu sait la nature des projets de loi en instance. A commencer par la loi fondamentale qu'est la Constitution dont la refonte est annoncée et dont le Parlement aura les premiers rôles. Il y a aussi les lois organiques relatives au régime électoral, aux partis politiques et à l'information. «La loi organique est adoptée à la majorité absolue des députés et à la majorité des trois quarts (3/4) des membres du Conseil de la nation», rappelle-t-on. Il y a enfin les projets de lois, au stade de la réflexion, relatifs à la fonction publique, à la commune et à la wilaya, au statut de journaliste, etc. C'est dire que le travail qui attend l'APN est immense. Quant à faire la fixation sur la diplomatie parlementaire, cela relève de la fuite en avant. Si l'APN n'a pas l'intention de remplir les missions suivant les prérogatives définies par la Constitution, elle ne peut aspirer à arracher la lune. Quand les Affaires étrangères s'occupent de diplomatie et quand le Parlement se charge de législation, et quand chaque institution s'en tient à sa mission principale, les vaches n'en seront que mieux gardées.