Fidèle à ses traditions, le groupe parlementaire du MSP a voulu se démarquer de ses alliés du FLN et du RND. Les députés sont inquiets. Les nouveaux codes communal et de wilaya, tels que présentés par le gouvernement, risquent de réduire les prérogatives des élus. En effet, les débats autour du programme du gouvernement, ouvert samedi au niveau de la chambre basse, sont en train de se transformer en un sévère réquisitoire contre la loi de M.Yazid Zerhouni, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales. Les députés du MSP ont reçu des consignes de la part de M.Boudjerra Soltani, le président du parti, pour fustiger «les tentatives de limiter les missions des collectivités locales». Ces derniers ont bien saisi le message. Leurs interventions prennent, durant les deux premiers jours, les allures d'un véritable forcing dans l'objectif d'amener l'Exécutif à réviser sa copie. Abdel Ali Hassani estime que le gouvernement doit impérativement assurer «l'équilibre entre les missions de l'administration centrale représentée par les walis et la volonté du peuple, garantie par les élus». Fidèle à ses traditions, le groupe parlementaire du MSP a voulu se démarquer de ses alliés du FLN et du RND, en tenant un discours d'opposition. Pour le MSP, la lecture faite sur ce texte est sans ambages: «La première victime du nouveau code est la démocratie.» Une lecture qui se rapproche, paradoxalement, de celle du RCD. Après une longue absence, les députés de M.Saïd Sadi passent déjà à l'offensive. Belabès Hacène estime que le renforcement des prérogatives des walis «favorisera la corruption» parce que, de l'avis de cette formation, la corruption est «liée directement à l'Etat». Pour le RCD, le projet du gouvernement «n'a aucun objectif défini». Il apporte, de son côté, des propositions «palliatives» pour assurer une gestion transparente des collectivités locales sans toutefois porter atteinte au mandat des élus. Il s'agit entre autres, de la publication des budgets sectoriels de chaque collectivité locale et des grandes entreprises. Belabès va plus loin et exige la création d'une «commission intersectorielle de lutte contre la corruption». Ces mesures nécessitent une volonté politique qui «malheureusement n'existe pas au sommet de l'Etat». La question n'a pas trop intéressé les députés du FLN, du PT, et du RND. Ces derniers ont axé leur intervention sur le programme économique du gouvernement. Sans surprise, les militants de M.Abdelaziz Belkhadem ont applaudi la présentation faite samedi, par le chef de file. Fait saillant, très peu d'entre eux ont émis leur souhait d'intervenir durant ces deux premiers jours. La raison: «Il n' y a pas grand-chose à dire. C'est le programme du président de la République. Les critiques seront interprétées comme une déviation à la ligne politique du pays.» Le RND, lui, fait la distinction entre les deux programmes. Celui de M.Abdelaziz Bouteflika et le deuxième, communiqué par M.Abdelaziz Belkhadem. Une distinction sur laquelle a longuement insisté M.Ahmed Ouyahia, le SG du parti lors de son entrevue, samedi matin avec les nouveaux députés. Cela ne veut en aucun cas dire que nos députés vont applaudir sans réserves le programme du gouvernement, note un député du parti, mais «il s'agira de tenir un discours objectif en respectant bien sûr la ligne politique du parti et notre appartenance à l'Alliance stratégique», estime notre interlocuteur. Cette ligne nous la remarquons dans l'intervention de M.Chihab Seddik. Ce dernier a, en effet, salué l'importance accordée par le gouvernement à l'aspect ayant trait à la prise en charge sociale des classes démunies. Mais il n'a pas manqué de mettre en exergue les défaillances soulevées sur le terrain: «Il ne suffit pas de lancer des slogans sur le chômage, le logement, mais bien de les appliquer sur le terrain» et sur ce point l'écart «est flagrant de l'avis même du président de la République», note-t-il. Chihab invite le gouvernement à s'inspirer des 140 propositions faites par le parti durant sa campagne pour les législatives. Le RND a axé son intervention sur l'aspect sécuritaire en insistant que la bataille contre le terrorisme n'est pas encore terminée. Sur ce même chapitre, le MSP a fait savoir qu'il maintient toujours sa proposition relative à la levée de l'état d'urgence.