La plainte en diffamation déposée par les chercheurs du Cnrpah a connu la fin de son premier acte, hier. Le tribunal de Sidi M'hamed près la cour d'Alger a rendu son verdict. Six mois de prison avec sursis en plus d'un million de dinars d'amende contre l'auteur de l'article incriminé, M.Cheboub. L'ex-directeur de l'Office du Parc national du Tassili ainsi que l'ex-directeur de la rédaction du quotidien arabophone Echourouk ont été relaxés. Un verdict de première instance. «Nous ferons appel de cette décision, dès demain», nous a confié la partie plaignante, jointe par téléphone. Le ministère de la Culture, dont deux anciens ministres de la Communication et de la Culture, ont été cités (MM.Slimane Cheikh et Mahieddine Amimour) ainsi que l'actuelle ministre, Mme Khalida Toumi, semble, pour l'instant, épargné par cette affaire. C'est pourtant à la suite d'un rapport classé confidentiel, conçu par Ambès Hocine, à la demande du docteur Amimour, selon les déclarations de l'ex-directeur par intérim du Parc national du Tassili, faites au président du tribunal lors de la première audience (le 1er juillet) de ce procès, que l'affaire a commencé. La ministre de la Culture l'a portée au coeur du palais Zighout-Youcef. Les chercheurs algériens du Centre national de recherche en préhistoire (Cnrpah) qui participaient à une fouille dans la région de Mankhor, la Tadrart, au Tassili N'Ajjer, ont été publiquement accusés d'avoir facilité la sortie d'ossements du territoire national sans autorisation et de participer au pillage du patrimoine archéologique. L'ex-député d'El Islah, Fellahi Adda, un proche parent d'Ambès Hocine, a transmis le rapport jugé «confidentiel» à l'ex-journaliste d'Echourouk, Cheboub. La suite est connue. Elle a eu un effet retentissant auprès de l'ensemble de la presse écrite nationale. «L'affaire du plus grand scandale de vol archéologique» pouvait commencer. Elle a même été, en son temps, considérée comme l'affaire «Khalifa bis». Dernier maillon de la chaîne? L'ex-journaliste d'Echourouk paie-t-il les frais d'une machination obscure? L'affaire semble ne pas avoir livré tous ses secrets. Les témoins-clés n'ont pas tous été entendus par la justice. Une justice rendue au nom du peuple algérien. «Nul n'est au-dessus de la loi», a déclaré, à maintes reprises, le chef de l'Etat, M.Abdelaziz Bouteflika. Alors, Cheboub, l'ex-journaliste d'Echourouk, serait-il un simple lampiste? Diabolisés, les chercheurs du Cnrpah ont été touchés dans leur dignité. «Nous voulons que toute la lumière soit faite et que les vrais coupables paient», nous ont-ils déclaré. Qui sont-ils ces vrais coupables? Le procès en cassation, qui se profile, pourrait en livrer les noms.