Etonnés, inquiets, les partisans de Abdallah Djaballah ont mal reçu hier la décision du Conseil d'Etat. L'affaire opposant Djaballah aux redresseurs, à leur tête Mohamed Boulahia, a été mise en délibéré par le Conseil d'Etat pour le 24 juillet. Ce dernier devait statuer sur cette question le 26 juin dernier. Le verdict a été reporté par la suite pour le 10 juillet. «Il y a des personnes qui bloquent l'affaire», nous a déclaré M.Benkhellaf, le bras droit de Djaballah, en ajoutant: «Je ne vois pas pourquoi ça traîne puisque le dossier est connu par la justice.» Surtout, selon lui, qu'actuellement, le conflit est entre des personnes du parti. Le ministère de l'Intérieur s'est retiré de l'affaire. Donc, le problème devrait être traité au niveau des institutions du parti, selon le bras droit de Djaballah. Le premier responsable du ministère de l'Intérieur, M.Noureddine Zerhouni, avait exprimé sa disponibilité au dialogue et avait promis d'étudier «soigneusement, avec rigueur et d'une manière responsable» le dossier, selon Djaballah. D'ailleurs, selon Djaballah, le ministère de l'Intérieur n'a pas validé le premier congrès national du parti tenu par les redresseurs. Selon lui, une autorisation «provisoire» a été délivrée au parti (faisant allusion au nouveau président, M.Boulahia) pour uniquement entamer la campagne électorale au nom d'El Islah, en attendant que le Conseil d'Etat tranche le conflit. L'aile de Djaballah a peur en fait de revivre le même scénario que celui de 2005. Une requête a été déposée contre les redresseurs au niveau de la cour d'Alger, le 26 juillet 2005. Ce n'est qu'une année plus tard que la cour a rendu son verdict. «Les choses traînent et n'arrangent pas le parti», soulignera M.Benkhellaf qui soupçonne de vouloir déstabiliser le parti à l'approche de chaque échéance électorale. «Nous tirons la sonnette d'alarme car cette situation remet en cause la crédibilité de notre justice», poursuivra M.Benkhellaf. Cheikh Djaballah attend en fait de la justice qu'elle statue définitivement sur cette affaire. Il attend encore que le ministère de l'Intérieur se prononce sur les recours concernant la légalité du dernier congrès d'El Islah et sur l'autorisation accordée à l'aile rivale de se présenter aux législatives, bien que le Conseil d'Etat n'ait pas tranché la question. La justice devra trancher également la question du siège du parti, toujours aux mains des partisans de Djaballah que leurs rivaux veulent récupérer. La crise du parti perdure donc.