Les terroristes obéissent à une seule logique, celle de mettre le pays à feu et à sang et de faire le maximum de dégâts et de victimes. Qu'est-ce qui se passe exactement dans la tête des terroristes, plus particulièrement dans celle d'Al Qaîda d'Oussama Ben Laden et de ses affidés du Maghreb? Pourquoi cet attachement morbide au chiffre onze? D'abord en Espagne; le 11 mars et puis l'Algérie le 11 avril. Les voilà qui reviennent à la charge un onze juillet. Ya Latif? A défaut de défendre des valeurs réelles, plus civilisationnelles, plus sociales, plus politiques, les voilà qui donnent de l'importance à une date, fut-elle celle qui rappelle les attentats du 11 septembre 2001 de New York. C'est une symbolique tout ce qu'il y a de terre à terre, et qui signifie juste ce qu'elle peut signifier. «Nous sommes là!» Un simple acte de présence. Derrière ce message, il n' y a rien d'autre. On a vu de quelle manière, l'imam de la Mosquée rouge à Islamad a utilisé des boucliers humains (notamment des enfants) pour empêcher un assaut contre son bastion. Comment un groupe comme Al Qaîda, et tous les groupes islamistes de même acabit, peut-il se présenter comme étant un groupe de libération de l'humanité, et surtout porteur d'une idéologie, comme celle de l'Islam, religion de sagesse et de la juste mesure, en commettant des crimes et des génocides? Toute la question est là. Au-delà de ce chiffre onze, l'autre élément qui retient l'attention dans cet attentat est qu'il soit commis par un kamikaze. Ça, c'est plus sérieux. Si les attentats du 11 avril contre le Palais du gouvernement à Alger ont fait dire aux enquêteurs, qu'en fait les actes étaient actionnés par un dispositif de mise à feu à distance, enlevant du coup aux kamikazes la portée symbolique de leur acte, il ne pourrait pas en être autrement, cette fois, puisqu'en fin de compte, le mode opératoire est en lui-même, un indice de la conviction des terroristes dans la justesse de leur cause. Quant au timing choisi, il laisse la porte ouverte à toutes supputations: il y a le coup d'envoi à partir d'hier des 9es Jeux africains. Il y a eu juste un jour auparavant, la visite éclair à Alger du président de la République française, Nicolas Sarkozy. Sachant que les groupes terroristes ont toujours visé l'isolement de l'Algérie sur la scène internationale (ce qu'ils ont réussi partiellement à faire tout au long de la décennie 90), ils ont dû voir, d'un mauvais oeil, l'arrivée de Sarkozy, surtout qu'il parle de revenir en novembre pour une visite d'Etat plus importante sur le plan protocolaire, surtout qu'elle s'inscrit dans le vaste projet de la création d'une Union méditerranéenne, replaçant l'Algérie sur le plan régional et international. Quant au dernier discours du chef de l'Etat aux Tagarins devant les officiers de l'Armée nationale populaire, il ne laissait aucune place à la négociation avec les terroristes qui continuent à répandre le deuil et les larmes, mettant le pays à feu et à sang. Il est possible, en fait, que les terroristes n'obéissent à aucune logique. La seule chose qui les intéresse, c'est d'être nuisible, au maximum de ce que leurs moyens leur permettent. Frapper, détruire, tuer, c'est apparemment tout ce qu'ils savent faire. Il y a quelques jours, a eu lieu une tentative contre le wali de Tizi Ouzou. Il y a donc un acharnement contre, à la fois, les populations et les institutions qui est le propre d'Al Qaîda qui estime qu'il est seul détenteur de l'Islam, religion de la majorité des Algériens, et qui vivent leur foi dans la sérénité et une forte conviction. Malgré donc les résultats très probants de la politique de réconciliation nationale prônée par le chef de l'Etat, les terroristes, notamment les djihadistes qui ont rallié Al Qaîda, occupent des places fortes dans certaines régions du pays, profitant du relief accidenté et boisé, et des liens tissés avec les réseaux mafieux. Alors que la capitale Alger est placée sous haute sécurité pour cause de Jeux africains, les terroristes trouvent donc le moyen de frapper les consciences en organisant à l'aube, un attentat à Lakhdaria, qui est un verrou sécuritaire important dans le centre du pays, faisant huit morts et plus de trente blessés.