L'émissaire américain, Anthony Zinni, essaye de faire cesser la violence, mais au regard des exigences exprimées par les deux parties, le doute est permis. La situation est toujours incertaine en Israël, où une opération kamikaze au nord de Tel-Aviv a occasionné des blessures à une quinzaine d'Israéliens, comme les tirs, hier, de soldats israéliens dans les territoires palestiniens occupés, se sont traduits par la mort de trois Palestiniens dans le secteur de Ghaza. Il reste que, selon des informations en provenance du Proche-Orient, les positions entre les deux parties demeurent sensiblement éloignées, cela est dû, particulièrement, aux exigences des antagonistes israéliens et palestiniens. Ainsi, Sharon assurait, hier, qu'Israël «ne négociera pas sous le feu». Ce qui indique que le chef du gouvernement israélien est revenu sur sa déclaration de mercredi où il se disait prêt à «négocier» avec les Palestiniens même en l'absence d'un arrêt de la violence. Peu avant de reprendre les discussions avec l'émissaire américain, le général à la retraite Anthony Zinni, Sharon a déclaré à la radio israélienne qu' «il n'y aura pas de négociation politique (sur un accord de paix) sous le feu», affirmant cependant: «Mon objectif principal est de parvenir au plus vite à un cessez-le-feu sur la base du document Tenet». Le moins qui puisse être relevé est qu'il y a un décalage énorme entre sa profession de foi et les opérations continues de l'armée israélienne dans les territoires palestiniens occupés. Ce qui montre clairement que les Israéliens ne sont toujours pas en phase avec la solution politique préconisant deux Etats: Israël et la Palestine, seule issue, aujourd'hui reconnue par la communauté internationale, au conflit israélo-palestinien. Bien plus, Sharon, dans cette même déclaration à la radio, se réserve le droit d'agir «ponctuellement pour déjouer les attentats» en référence aux assassinats ciblés de dirigeants et militants palestiniens. Aussi, de quelle paix parle le chef du gouvernement israélien, lorsqu'il ignore ostensiblement la nécessité de l'existence d'un Etat palestinien aux côtés de l'Etat hébreu? Aussi fermes, les Palestiniens excluent toute négociation «avant un retrait total de l'armée israélienne». Dans une déclaration à la radio La Voix de la Palestine, le négociateur principal et ministre palestinien des Collectivités locales, Saeb Erakat, a réaffirmé qu'«il n'y aura pas de discussions sur le cessez-le-feu avant un retrait total de l'armée israélienne de toutes les zones «A» autonomes palestiniennes» appelant une nouvelle fois au «déploiement d'observateurs internationaux» pour superviser une éventuelle «mise en oeuvre d'un possible cessez-le-feu» Hier encore, le médiateur américain, Anthony Zinni, poursuivait ses efforts, dans un va-et-vient entre Israéliens et Palestiniens, sans parvenir à nuancer les exigences des uns et des autres. Aussi, il est peu probable qu'il y ait une annonce de cessez-le-feu, dans les prochaines heures, au regard de positions à tout le moins tranchées exprimées par les deux parties. Réunis depuis samedi à Barcelone, les Quinze de l'Union européenne ont, encore une fois, soutenu la création d'un Etat palestinien estimant qu'il n'y avait pas «de solution militaire». Confirmant les positions déjà formulées lors du sommet de Laeken (Belgique), les Quinze, dans une longue déclaration, s'affirment, sans ambages, «en faveur d'une application urgente de la résolution 1397» de l'ONU qui, rappelle-t-on, évoque, pour la première fois, un Etat palestinien, et soulignent qu'il n'y a «pas de solution militaire» au conflit entre Israël et les Palestiniens condamnant dans la foulée «l'usage excessif de la force par Israël» sans cependant aller jusqu'à exiger d'Israël qu'elle respecte la Convention de Genève de 1949 sur la protection des civils en temps de guerre. Selon des diplomates européens ce passage devait figurer dans la déclaration finale, mais a été supprimé sur la pression de l'Allemagne et de la Grande-Bretagne. Toutefois, l'Union européenne réaffirme son soutien total à l'existence de deux Etats dans ce qui avait été la Palestine historique tel que l'avait adoptée la dernière résolution du Conseil de sécurité de l'ONU. Reste maintenant à en convaincre les Israéliens et à les persuader que la paix dans la région et leur sécurité plus singulièrement, restent liées à l'érection d'un Etat palestinien aux côtés d'Israël.