Les capitaux du Golfe affluent: les relations personnelles du président Bouteflika ont pesé dans la balance. Dans les efforts faits par l'Algérie pour attirer les investissements directs étrangers, hors hydrocarbures, on peut remarquer que les Occidentaux ne se bousculent pas au portillon, ne voyant dans la mise en oeuvre de l'accord d'association Algérie-UE qu'une opportunité pour écouler les produits européens sur le marché algérien. L'essentiel des IDE nous viennent des pays arabes du Golfe. Les raisons à cela sont multiples. Il y a d'abord les facteurs culturels et civilisationnels, l'Algérie étant partie intégrante de cette vaste zone du monde qu'est le monde arabe. Il y a ensuite les raisons politiques: après les attentats du 11 septembre contre les deux tours jumelles du Word Trade Center à New York, les capitaux arabes étaient à la recherche de terres moins hostiles, surtout après les restrictions imposées par l'administration Bush et les banques occidentales. C'est donc tout naturellement que ces capitaux ont été orientés vers les différentes parties du monde arabe, entre autres l'Algérie, qui a longtemps été exclue d'un tel mouvement de capitaux privés, surtout du fait de son mode de développement économique qui minorait ou marginalisait, de fait ou de droit, l'apport du secteur privé, qu'il soit national ou étranger. La troisième raison tient aux potentialités dont dispose l'Algérie sur plus de 2 millions de kilomètres carrés, avec ses richesses climatiques, ses paysages, ses ressources du sol et du sous-sol. La quatrième raison tient aux réserves de change qui atteignent maintenant les 80 milliards de dollars, et au programme de soutien au plan de relance économique de 100 milliards de dollars; surtout dans le domaine des infrastructures, et dans celui de l'immobilier, secteur qui intéresse au plus haut point les investisseurs émiratis. Et puis, dernier et non des moindres, il y a cette affinité particulière qui lie le président Abdelaziz Bouteflika à son homologue émirati. Ce dernier facteur est vraiment déterminant. S'il est vrai que les affaires sont les affaires et que les investisseurs émiratis sont à la recherche de profit maximum, comme tout investisseur qui se respecte, il ne faut pas perdre de vue que ces mêmes opérateurs ont besoin d'être mis en confiance avant de s'engager. Et il ne fait pas l'ombre d'un doute que les relations personnelles très fraternelles et très chaleureuses du chef de l'Etat avec ses amis du Golfe ont pesé dans la balance. C'est donc cette idée de confiance qui est mise en avant, et qui peut expliquer un tel afflux de capitaux et la programmation de tous ces mégaprojets. Quand on parle d'un chiffre astronomique de 25 ou de 28 milliards de dollars, et maintenant on va même jusqu'à envisager des investissements de l'ordre de 50 milliards de dollars, on ne perd pas de vue le fait qu'il y a à peine cinq ou six ans, l'encours de la dette extérieure algérienne était de 30 milliards de dollars. La gageure, c'est d'avoir ramené le montant de cette dette à seulement 4 ou 5 milliards de dollars, et de transformer en investissements et en promesses de postes d'emploi, tout ce que, hier, était conçu comme entrave et fermeture d'unités de production, à la suite du plan d'ajustement structurel, lorsque l'Algérie était passée sous les fourches caudines du FMI, en 1994-1995.