Devant l'attitude ferme des autorités, les étudiants ont carrément fermé l'université. Les étudiants de l'Institut de la chariaâ et du droit islamique de l'université Emir Abdelkader de Constantine (section UNEA) ont, dans une lettre ouverte adressée à M.Ali Benflis, chef du gouvernement, dont une copie a été transmise à notre rédaction demandé l'intervention personnelle du premier responsable de l'Exécutif pour mettre fin à leur problème qui traîne depuis 1991. Cette lettre a été rédigée et signée par cinq instituts de la chariaâ dépendant des universités de Constantine, Alger, Adrar, Batna et Oran. Le chef du gouvernement est interpellé pour prendre en considération leurs revendications légitimes qui se résument en la reconnaissance de leur diplôme et leur équivalence au même titre que les licences d'autres instituts et universités du pays. Dans ce contexte, les étudiants fustigent l'attitude du ministère de la Justice qui ne veut pas reconnaître les licences en droit islamique et chariaâ tout en interdisant à leurs lauréats de participer aux concours de formation des juges, avocats et notaires. Le ministère de l'Education, quant à lui, affiche un refus catégorique à ces diplômés pour participer aux concours de son département alors que l'APN a, selon les contestataires, adopté des textes de loi reconnaissant les diplômes de la chariaâ et du droit islamique. D'autre part, il est prévu une rencontre aujourd'hui entre une délégation composée d'étudiants représentant les universités sus-citées et le ministre de l'Enseignement supérieur afin de trouver une solution à ce problème qui risque de conduire à l'impasse et le pourrissement, étant donné que les étudiants de l'université islamique Emir Abdelkader de Constantine ont carrément fermé l'université. La rencontre qui a eu lieu entre les étudiants et le recteur de l'université n'a abouti à rien étant donné que les problèmes posés dépassent de loin les prérogatives de ce responsable. La grève générale se poursuit et risque de durer longtemps si le ministère ne trouve pas un terrain d'entente avec les grévistes. D'autre part, les étudiants menacent d'élargir leur mouvement à l'université Mentouri. Il est à signaler encore que l'UNEA a, dans un communiqué diffusé hier dimanche, rejeté toute exclusion ou marginalisation des étudiants diplômés de la chariaâ par des forces occultes qui n'ont rien à voir ni avec l'université ni même avec la société. Dans ce même communiqué, les syndicalistes demandent à la tutelle de délivrer des diplômes et non des «actes de décès.» Entre autres, ils regrettent d'être accusés d'intégristes et de terroristes par de hauts responsables de l'Etat. «Pourquoi tout ce dénigrement et ce mépris?, s'interrogent les étudiants et d'ajouter, sommes-nous des Algériens? Pourquoi nous traite-t-on de la sorte? On demande uniquement que justice soit faite et que nos diplômes soient reconnus au même titre que les autres diplômes».