Les magasins d'habillement et de textile ont baissé hier rideau, alors que le soutien attendu des autres commerçants de la ville n'est pas venu. Les commerçants exerçant dans le secteur du textile et de l'habillement ont mis hier à exécution leur menace de grève, à partir d'un ultimatum fixé aux autorités communales afin de répondre à leur revendication principale axée sur la fermeture immédiate de la foire commerciale qui se tient depuis la semaine dernière au stade scolaire. Hier, les magasins d'habillement et de textile ont baissé rideau alors que le soutien attendu auprès des autres commerçants de la ville, n'est pas venu, «en dépit de l'appel lancé dans ce sens», regrettait le président du bureau communal de l'Union générale des commerçants algériens lors du rassemblement organisée et appuyé à la grève devant le siège de l'APC. Ils étaient près d'une centaine à se rassembler devant le siège communal avec l'espoir d'être reçu par le nouveau maire de la ville de Béjaïa. samedi dernier les mêmes commerçants s'étaient réunis en assemblée générale à la Maison de la culture de Béjaïa pour faire part, énergiquement, de leur inquiétude face à l'organisation répétée des foires commerciales qui, disaient-ils, «nuisait fortement à leur rendement». Les quelques dizaines ont alors débattu des voies et moyens à mettre en oeuvre pour freiner ce qu'ils considèrent comme «une menace sur leur activité». Au final, ils avaient brandi la menace de recours à une grève d'une demi-journée si toutefois les autorités communales n'accédaient pas à leur demande, à savoir la fermeture immédiate de la foire commerciale qui venait tout juste d'ouvrir ses portes au public. Il reste à en déterminer la date. Passé le délai de trois jours, les commerçants frondeurs devraient passer à l'action. Ce qu'ils ont fait hier sans pour autant parvenir à discuter avec le maire. M.Mamas, président du bureau communal de l'Ugca, s'insurgeait non seulement contre «le mutisme des autorités locales», mais aussi par «le deux poids, deux mesures», allusion à l'arrêté de fermeture de la foire des produits afro-asiatiques rendu public par l'autorité communale avant d'autoriser, quelques jours plus tard, une autre foire au stade scolaire. La lutte des commerçants de la commune de Béjaïa ne date pas d'aujourd'hui puisqu'il y a un mois et demi, ces mêmes opérateurs avaient dénoncé «la multiplication des foires commerciales et la clochardisation de la profession» dans une déclaration publique appuyéequelques jours après par un rassemblement devant le siège de la wilaya. Béjaïa, ville commerçante, s'est, effectivement, transformée ces dernières années en un espace de services. Des foires, des expositions, des salons s'y tiennent régulièrement faisant de cette ville un carrefour économique important. Une évolution bien vue par l'ensemble des opérateurs économiques. Le développement de cette activité de service fut même inscrit dans certains programmes électoraux lors des législatives. Mais voilà que cette évolution ne semble pas arranger tout le monde. Si les citoyens de la région et les visiteurs profitent de cette animation économique en s'y approvisionnant, notamment pour les fêtes de mariage, les hôtels et restaurants pour bien fonctionner, les petits commerçants, en revanche, disent «souffrir le martyre». Du coup, le manque de rentabilité et tous les maux de la profession sont mis sur le dos des foires qui deviennent alors leur cible principale. Faut bien un bouc émissaire pour justifier leur «paresse» et leur manque à gagner. D'ailleurs, ils soutiennent à afficher les mêmes prix que les foires. Tant mieux alors. Mais la réalité est tout autre. Les citoyens se rabattent sur les foires. Certains se rendent jusqu'à la ville d'El Eulma (150km de Béjaïa) pour tous leurs achats. La raison? «Les prix sont différents» affirme un habitué de la surface du Lac où se tiennent souvent les quinzaines commerciales, battant en brèche l'argument des commerçants. Aussi, entre la volonté des commerçants d'y mettre fin et le mutisme, à tort ou à raison, des autorités compétentes, le bras de fer risque de se prolonger et faire le feuilleton de l'été.