A ce rythme, le nombre d'arrestations devrait battre le record des 13.000 clandestins arrêtés en 2006. L'immigration clandestine est souvent source de tragédies humaines. Le phénomène implique, généralement, des réseaux mafieux internationaux. Selon une revue de presse faite par Fortress Europe, 7180 immigrés sont morts aux frontières de l'Europe depuis 1988, dont 2141 disparus en mer. Ainsi, 5091 migrants ont perdu la vie en mer Méditerranée. Dans le canal de Sicile, 1884 personnes sont mortes, entre la Libye, la Tunisie, Malte et l'Italie, dont 1 099 disparus, et 33 autres ont perdu la vie le long des nouvelles routes entre l'Algérie et l'île de Sardaigne. Il n'y a pas deux jours de cela, 17 personnes sont mortes dans le naufrage d'une embarcation au large de Mayotte. Ce nouveau drame illustre tragiquement les risques que font courir les trafiquants qui exploitent la misère de ces migrants, que ce soit en métropole ou outre-mer. Le même jour, une centaine de clandestins ont été interceptés au large de la Sardaigne. Malgré les dispositifs de lutte mis en place par différents pays, le phénomène prend de plus en plus d'ampleur. L'Algérie, lieu de transit, intensifie pour sa part la lutte contre l'immigration clandestine. Près de 8000 immigrants clandestins ont été arrêtés durant le premier semestre 2007. A ce rythme, le nombre d'arrestations d'étrangers en situation irrégulière devrait battre le record des 13.000 clandestins arrêtés en 2006. En quinze ans, le nombre d'étrangers en situation irrégulière ayant tenté de séjourner en Algérie a été multiplié par 10. Ils sont issus de 48 nationalités africaines, dont la plupart venus des pays limitrophes -Niger (33%), Mali (13%), Nigeria (10%) et Maroc (10%)-. Une grande partie des arrestations est en effet enregistrée dans l'ouest du pays (Oranie, Maghnia et Béchar). Cette région est proche de la péninsule ibérique que les clandestins tentent d'atteindre via le Maroc voisin. Depuis la mise en place d'un système de surveillance aux frontières en janvier 2007, les autorités marocaines ont arrêté plus de 80.000 immigrants clandestins. Des statistiques menées par les gardes-frontières algériens donnent ce chiffre effarant: au moins 35.000 immigrants clandestins ont été reconduits chez eux depuis l'année 2002. «Bouclier de l'Europe», l'Algérie de l'est, elle l'a longtemps été. La lutte contre ce phénomène occupe pourtant une place particulière dans les programmes de coopération entre l'Algérie et l'Union européenne. Dix millions d'euros ont été alloués à notre pays par le programme MEDA II pour moderniser la formation des officiers de la police aux frontières. Dernièrement, l'Algérie, la Tunisie et le Maroc ont été invités à participer aux patrouilles de l'Agence européenne de contrôle aux frontières (Frontex) pour combattre l'immigration clandestine. Cependant, le sauvetage des êtres humains naufragés en mer doit être la mission première du Frontex. Des opérations de contrôle sont menées avec des équipements appropriés, notamment des avions, bateaux et experts, ainsi qu'à travers les échanges d'informations. Frontex, qui ne dispose actuellement que d'une vingtaine de bateaux, devrait voir sa flotte atteindre 115 unités. Le nombre d'hélicoptères devrait passer lui aussi de 3 à 25, si les promesses des Etats membres sont tenues. La Commission européenne a prévu d'organiser, à l'automne prochain, des réunions de concertation avec les pays touchés par la problématique de l'immigration et spécialement avec la Libye.