Tout porte à croire que le stage de Bretagne a été complètement raté. On n'a pas attendu le retour des «guerriers» de l'Aigle noir, les joueurs les mieux payés en Algérie, ni le bilan mitigé d'un stage digne d'une équipe de régionale payée à prix d'or, pour que les événements au sein de l'équipe dirigeante tourne à un Carnaval fi S'tif: des démissions en cascade du président Serrar, au chef de la délégation Ouyahia, peut-être même l'entraîneur adjoint Rouabah Toufik. A qui le tour? Un malaise total règne au sein des joueurs, du staff technique, et de l'équipe dirigeante. Pour revenir aux causes de ce malaise, c'est l'état de santé morale et de la forme de l'équipe qui posent problème. Ce stage de préparation serait l'un des plus mauvais que l'Entente n'ait jamais subi. On a beau museler la presse pour ne parler que de ce qui marche, les résultats sont là. Face à des équipes de division inférieure (CFA2), les Sétifiens ont fait preuve d'amateurismes avec une seule victoire au compteur. C'est dans une atmosphère très lourde que l'Aigle noir a entamé son dernier entraînement au Centre technique de formation Henri Guérin qui se trouve à Ploufragan, dans les Côtes d' Armor (Bretagne, France). Sous une pluie battante, les Noir et Blanc ont fini par s'imposer dans un match amical contre la modeste formation de Lamballe (4-0). Un succès qui n'a pas satisfait tout le monde. Les pensées étaient déjà tournées vers le match amical contre l' USMS avec un public sétifien qui les attend, avide de bonnes nouvelles à quelques jours de l'entame du championnat. Le bilan de ce stage nous laisse perplexes quant à la suite, qu'on espère, ici à Sétif, aussi rose que la saison dernière. Mais tout laisse à croire que ce fut un stage raté. «C'est un navire qui peut chavirer à n'importe quel moment, car le capitaine veut tout faire tout seul. Sans une équipe autour de lui, on ne voit pas comment il peut y arriver» nous dira un des responsables du club sétifien. Ce dernier n'a pas hésité aussi à s'en prendre à l'entraîneur Roesli: «il est arrogant, à tel point que personne ne le respecte. On s'en est aperçu lorsqu'il a fait sortir Ziaya sans motif au cours du match contre St Brieuc, puis celle de Hadj Aïssa au cours d'un entraînement. Je peux ajouter la non-participation aux entraînements et sans aucun motif de quelques joueurs. Le bouquet final s'est manifesté lorsque l'entraîneur fut absent lors de ce dernier entraînement. Vraiment, rien ne va plus». Cependant, il est bon de souligner qu'il ne s'agit là que de propos d'un dirigeant sans doute frustré de ne pas avoir obtenu plus en matière de gestion. Toujours est-il que Roesli s'est avéré un entraîneur loin d'être un pédagogue. Dans des situations pareilles, c'est à ses adjoints qu'incombait la responsabilité de parler aux joueurs. Or, il avait commencé par les mettre à l'écart dans les décisions, entre autres Tourik Rouahah qui a suivi le match contre Lamballe depuis les gradins. «Comment peut-on parler d'une préparation de dix huit jours avec seize séances d'entraînement, pour la plupart des joueurs et moins pour les autres? Comment peut-on parler de qualité d'entraînement avec des séances d'endurance et des séances de vitesse tard le soir? Comment peut-on mettre des joueurs qui ont signé pour plus d'un an sur le banc de touche et faire jouer ceux qui n'ont rien signé 90 minutes durant un match? Quel ratage!» dira ce dernier. Le staff technique est catégorique: «Cet entraîneur et son préparateur physique sont un fiasco pour l'Entente». Il ajoute que «si l'équipe a pu gagner la Coupe arabe et le Championnat, c'est que toute une équipe y a participé, de la préparation des chambres au terrain. Pourtant nous étions loin d'être les favoris la saison dernière». A commencer par la qualité de Walid Sadi, un manager de luxe. «Avant le départ des joueurs, Walid partait trois jours avant pour dénicher un hôtel. Il connaissait très bien les joueurs et était tellement pointilleux qu'il se permettait de choisir leur chambre et mettait un point d'honneur d'afficher sur leurs portes les horaires des prières. I1 est, et le restera, très estimé des joueurs» dit-on à son sujet. Malheureusement, face à la rigidité de l'entraîneur, la fragilité des joueurs fut telle qu'ils ont vite oublié les sommes colossales qu'ils avaient empochées. Ils oublièrent, également, leur statut de professionnels, de champions arabes et de champions d'Algérie pour se comporter comme des enfants gâtés. «Ils verront ce qui les attend sur les terrains, africains et algériens», dit-on à Sétif. Ajoutons qu'il y en a qui n'hésitent pas à profiter des démissions des uns pour faire valoir leur statut de meneurs de l'ESS. Ils sont nombreux ceux qui n'ont pas attendu la démission officielle pour s'autoproclamer président. Sans attendre la démission officielle de Serrar, ils se permettent d'envoyer une lettre d'excuse au nom du président, supposé démissionnaire, publiée sur un site public, au maire de Rennes sous comité de jumelage et à l'université de Rennes1. Il y a aussi cette réception organisée par l'Université de Rennes1 et l'association de jumelage Rennes-Sétif qui a laissé sur la paille les joueurs de l'ESS, sans repas. Un incident relayé par la presse algérienne et la presse française. Il n'a pas été du goût ni des joueurs, ni de la communauté algérienne vivant à Rennes, ni du corps diplomatique algérien qui reprochait à cette association un côté «profiteur» en empochant des subventions et en profitant de l'hospitalité des Sétifiens sans aucun retour. «La presse ne parle jamais de ce qui est objectif mais de ce qui ne va pas» commenta amèrement, l'un des responsables en lisant les journaux. «On en veut à l'ESS», dira-t-il. Une facilité qui a nui à cette équipe depuis le début de sa préparation par le choix de l'entraîneur et du préparateur physique et par l'éloignement de Bourahli alors qu'on a passé tout l'été à chercher un attaquant par les négociations avec les joueurs, par cette bourde avec Djediat, payé doublement, par ce stage raté et par un public qui demande les raisons de tels résultats. La presse a rendu un grand service à l'Entente en dénonçant ce qui ne marche pas. C'est à l'Entente et à l'Entente seule de prendre ses responsabilités en apportant des solutions sages loin des discours creux.