Les commerçants, qui ont essayé de s'opposer aux affrontements entre jeunes et gendarmes, ont échoué. Retardées quelque peu, les échauffourées ont tout de même repris aux environs de 14 h 30, hier. Les jeunes, très excités, ont vite renoué, dans la soirée d'hier, avec les affrontements. Les échanges de projectiles entre les deux parties ont repris, la rue Abane-Ramdane, au centre-ville, était de nouveau dans l'oeil du cyclone. Les commerces ont vite fait de baisser rideau, et en un tourne-main, la rue est livrée à la violence. Pourtant, réunis avant-hier au théâtre Kateb-Yacine alors que les affrontements faisaient rage entre forces de l'ordre et jeunes manifestants, les commerçants de la rue Abane-Ramdane ont tenu à crier leur ras-le-bol et leur désarroi face à une situation «qui n'a que trop duré». Ils étaient près d'une centaine à tenter de mettre fin à cette «anarchie». D'emblée, l'un des porte-parole de l'association a présenté un bilan «plutôt décevant» concernant les démarches entreprises auprès des instances locales quant à l'allégement des impôts. Il a également affirmé qu'une convention a été finalisée avec la SAA qui pourra leur permettre de payer la moitié des cotisations. M.Ikharbane a déclaré que les commerçants de la grande rue sont pris entre le marteau et l'enclume, car «ils ne peuvent pas être contre le mouvement, mais ils ne peuvent plus supporter la charge qui pèse sur eux». Il a également signalé que la racine du mal est l'installation de la brigade de gendarmerie au centre-ville. Plusieurs propositions ont été émises par les commerçants afin de remédier à la situation allant d'une grève générale jusqu'à l'initiative de ne pas payer les impôts en passant par la fermeture totale de la ville pendant les émeutes et l'exigence du déplacement de la brigade de gendarmerie. Après des débats plutôt houleux concernant surtout le non-paiement des impôts, les commerçants ont opté pour une grande marche ponctuée par une journée de grève générale. La marche, qui aura lieu mardi prochain, s'ébranlera de l'ancienne mairie pour prendre fin au siège de la wilaya où une plate-forme de revendications sera remise au wali. Cette plate-forme comporte trois points essentiels: l'allégement ou le non-paiement des impôts, retarder le paiement des dettes (Cavnos) et exiger le déplacement du siège de gendarmerie. En outre, certains commerçants ont décidé de descendre dans la rue à l'heure où débutent les émeutes pour tenter de calmer les esprits et d'empêcher les affrontements. Comme prévu, une cinquantaine de commerçants s'est donné rendez-vous au carrefour près du siège de la gendarmerie aux environs de midi, heure à laquelle, habituellement, débutent les affrontements entre jeunes manifestants et forces de l'ordre. La mobilisation était donc au rendez-vous et à l'heure où nous mettons sous presse, les quelques jeunes qui allaient mettre le feu aux poudres ont été dissuadés et ont quitté les lieux pour laisser la place aux commerçants déterminés à défendre leurs biens, car las de se voir obligés de travailler quatre heures par jour. Notons que la recette des commerçants a été revue à la baisse et a connu un déficit de 18 milliards de dinars pour la wilaya durant l'année qui vient de s'écouler.