La majorité absolue est détenue par le parti de l'abstention. L'un des enseignements majeurs des élections locales tient dans le fait qu'un Algérien sur deux a boudé les urnes. A peine 50,11% de taux de participation a été enregistré. Ce chiffre n'intègre pas la Kabylie, dont le vote n'a pas dépassé les 5% pour Tizi Ouzou et 9% pour Béjaïa. Cette désaffection de l'électorat traduit un désintérêt de l'opinion de la chose politique et met les partis devant une situation plutôt inconfortable vis-à-vis d'une société qui ne leur accorde que très peu de crédit. Se pose donc en Algérie un réel problème de gestion de la vie publique. A travers cette sanction populaire, dont seul le FLN s'en sort quelque peu indemne du fait d'une certaine confiance acquise auprès de nombreux électeurs, la classe politique nationale est réduite à ne représenter qu'une minorité d'Algériens. Pour aussi significatif qu'il puisse être, le taux d'abstention élevé constaté lors de ce scrutin est en réalité une image réelle du désenchantement des citoyens par rapport à la pratique politique dans ce pays. En effet, l'on peut avancer, sans trop de risque de se tromper, que les Algériens ne se sont pas mis à moins voter à l'occasion de la dernière consultation, mais ce sont les pouvoirs publics qui décident enfin à ne pas se voiler la face en gonflant les chiffres relatifs au taux de participation. En effet, depuis l'ère du parti unique, les élections n'ont pas trop intéressé les citoyens. L'ouverture démocratique n'a pas changé grand-chose au comportement électoral des Algériens. Aussi, en annonçant les véritables chiffres, l'administration met le personnel politique devant ses responsabilités et l'invite indirectement à repenser sa stratégie dans le sens d'un rapprochement sérieux de la population. L'autre enseignement à tirer de ces élections est sans conteste le retour du FLN qui, rajeuni et plus dynamique, est arrivé à s'adjoindre les voix de plusieurs millions d'Algériens, ce qui en soi, l'autorise à se placer en force politique qui compte dans le paysage politique national. L'on notera aussi les scores honorables du RND et du FFS qui, avec respectivement 177 et 65 APC, sont les deuxième et troisième forces du pays, quoi que cette notion demeure encore très relative eu égard au taux d'abstention. Dans le camp islamiste, en revanche, c'est carrément la descente aux enfers pour le MSP avec seulement 19 APC et une présence timide du MRN grâce aux 39 APC décrochées essentiellement à l'est du pays. En fin, est-il important de souligner que la majorité absolue est, elle, détenue par le parti de l'abstention qui, au regard de la situation que traverse le pays, n'est pas une catastrophe à en croire de nombreux observateurs.