Un joueur tout à fait banal s'est joué des dirigeants de deux grands clubs. C'est tout de même curieux qu'une affaire de qualification d'un seul joueur fasse autant de bruit. Dans la dérive que connaît le football algérien, l'insensé n'a pas de limite et un joueur absolument quelconque est soudainement propulsé sur le devant de la scène médiatique comme s'il s'agissait du phénomène que l'on attendait depuis très longtemps. Samir Galoul, c'est de lui qu'il s'agit, n'a rien d'extraordinaire. C'est un banal joueur de football dans un des championnats les plus médiocres de la planète. En ce moment, il ne joue pas avec son club, le MC Alger, pour un problème de qualification et il n'est pas dit qu'il sera un titulaire indiscutable s'il venait à obtenir sa licence.L'entraîneur mouloudéen, l'Italien Fabbro, ne passe, d'ailleurs, pas pour quelqu'un qui accepte qu'on lui dicte ce qu'il doit faire en matière de composition d'équipe. Malgré cela, les Algérois font un boucan du diable au sujet de ce joueur alors qu'ils disposent d'autres éléments peut-être plus performants que Galoul. Ils ont, donc, fait de ce dernier une vedette, un joueur quasi indispensable dont leur équipe ne peut se passer. Pourtant, sans lui, le Mouloudia a bien gagné à Blida comme il l'avait fait plusieurs fois par le passé. Il faut croire que ce club y tient beaucoup et a ses raisons pour cela. Maintenant il faut voir si Galoul peut être qualifié au Mouloudia. Il s'agit d'un joueur qui, en fin de saison dernière, était arrivé en fin de contrat avec le club algérois. Contacté par les dirigeants du RC Kouba, il a, immédiatement, dit oui à leurs propositions, plutôt aux 350 millions de centimes cash qu'il a touchés dans la transaction. «Nous reconnaissons que Galoul était libre en fin de saison», nous a dit un dirigeant du Mouloudia. «Ce que nous déplorons dans cette affaire, a-t-il ajouté, c'est que les Koubéens l'ont contacté alors qu'il était encore avec nous et qu'il s'apprêtait à jouer une demi-finale de Coupe d'Algérie avec ses camarades contre l'USM Blida. A ce moment-là, il était encore sous contrat avec le Mouloudia. La moindre des politesses aurait commandé aux Koubéens de prendre attache avec nous s'ils voulaient tellement Galoul.» Toujours est-il que le joueur a signé un contrat le liant au club koubéen, mais au moment de la reprise des entraînements de tous les clubs, il est reparti au MCA. Cela démontre son peu de professionnalisme et ses tergiversations, mais, en fait, il n'est que le prototype du joueur algérien. On ne prend pas 350 millions de centimes chez un club pour aller ensuite dans un autre club. Le problème aurait été plus simple pour lui et pour le Mouloudia, s'il avait rendu l'argent qu'on lui avait donné. Or, Galoul n'a rien fait dans ce sens et il est normal que les Koubéens fassent obstacle à sa qualification au MCA, tant qu'ils n'ont pas été remboursés. Ce que ne voient pas de la même façon les Mouloudéens. «Si le RCK pense avoir été floué par Galoul, il y a la justice. Il n'a qu'à déposer plainte contre le joueur», nous dira un autre dirigeant mouloudéen, et d'ajouter: «Il n'a pas à le bloquer. Le joueur ne veut pas jouer à Kouba, un point, c'est tout.» Les responsables du MCA cherchent, en outre, à responsabiliser la Ligue nationale coupable, à leurs yeux, de ne pas vouloir délivrer la licence du joueur au profit de leur club. Le problème est que la LNF détient la signature de Galoul dans deux clubs à la fois et, selon les règlements généraux, il doit être suspendu pour une période de douze mois. S'il s'était agi d'un autre joueur de deuxième division, nul doute que la suspension aurait déjà été prononcée. Les dirigeants des deux clubs se sont rencontrés mais n'ont pu s'entendre, ceux du Mouloudia proposant le remboursement de la somme en deux tranches alors que ceux de Kouba réclament la totalité d'un coup. On comprend pourquoi les Mouloudéens refusent cela. S'ils versaient toute la somme d'un coup, cela voudrait dire que le joueur aura réussi le pari de toucher sa prime de signature en une seule tranche alors que cela se fait en trois parties. Voilà comment un joueur tout à fait banal s'est joué des dirigeants de deux grands clubs. Et dans l'histoire, c'est lui qui s'en tire le mieux.