«Le plus grand bénéfice à en tirer est incontestablement le spectacle sur le terrain. Le niveau n'en sera que plus élevé car ces joueurs apporteront un plus. » Quelle est votre opinion sur le phénomène de naturalisation de joueurs dans le monde ? Ma conviction est que le football n'a pas de nationalité. Il utilise un seul langage, universel, qui est celui du ballon. Qu'un Brésilien évolue aux côtés d'un Turc ou d'un Marocain, on ne voit qu'une seule chose sur le terrain : le rendement du joueur.
Peut-on comprendre par là qu'on peut tirer bénéfice de la naturalisation des joueurs ? Absolument. Le plus grand bénéfice à en tirer est incontestablement le spectacle sur le terrain. Le niveau n'en sera que plus élevé car ces joueurs apporteront un plus. Cependant, il ne faut pas focaliser sur les joueurs africains. Il faut penser à ramener des joueurs de différentes nationalités. Je crois qu'il y a un malentendu. Nous parlons de naturaliser des joueurs pour la sélection nationale... Ah ! Là, c'est autre chose. La réponse que je vous ai donnée concernait les clubs. Concernant la naturalisation en faveur de la sélection, et au risque de vous surprendre, je suis tout à fait pour car ce sera dans l'intérêt de l'Algérie. Si nous nous qualifions à la Coupe du monde et faisons de bonnes prestations, on dira que c'est l'Algérie qui a joué et qui a bien joué et non pas que c'est un Brésilien qui a qualifié l'Algérie. N'êtes-vous pas influencé par ce qui se passe au Qatar ? Non, absolument pas. Je suis plutôt affecté par ce qui arrive à la sélection algérienne. L'Algérie a besoin de victoires et le public a besoin de joie. Il faut réfléchir au moyen d'y parvenir. S'il faudra, pour ce faire, naturaliser des joueurs étrangers, qu'on le fasse sans état d'âme.
Pourquoi ne pas l'avoir proposé lorsque vous étiez sélectionneur ? Au risque de vous surprendre une nouvelle fois, je vous informe que j'avais suggéré en 1994 aux responsables l'option de naturaliser des joueurs étrangers.
Pourquoi avoir réfléchi à cette option ? En prenant en main la sélection nationale, je suis arrivé à l'intime conviction que les joueurs locaux ne pouvaient pas apporter grand-chose, à tel point qu'il fallait toujours recourir aux émigrés. Alors, j'avais proposé de naturaliser des étrangers. Quelle avait été la réaction des responsables ? Ils avaient éclaté de rire. Moi, je n'avais pas d'état d'âme sur la question car ma motivation était uniquement l'intérêt de l'Algérie. Un ou deux joueurs étrangers n'allaient tout de même pas remettre en cause l'authenticité de toute une sélection. Pour avoir une grande équipe, c'est la solution idoine, à mon avis. La solution pour élever le niveau de la sélection nationale consiste-t-elle uniquement en la naturalisation de joueurs étrangers ? Non. Il faut aussi une stabilité à tous les niveaux et le choix d'un sélectionneur algérien car l'Algérie renferme beaucoup de compétences. J'ai été très heureux de la désignation de Rabah Saâdane comme sélectionneur et je souhaite du fond du cur qu'il réussisse dans sa mission. Et que les Algériens sachent que Madjer ne veut que du bien pour l'équipe nationale. Entretien réalisé par Badreddine Djaafar