Le maintien de cette référence permettra de garantir trois années de réalisation au rythme des dépenses d'équipement. Le projet de loi de finances 2008 a été élaboré sur la base d'un baril à 19 dollars. C'est ce qu'a affirmé mardi le chef du gouvernement. Le maintien de cette référence permettra de garantir l'alimentation du fonds de régulation des recettes institué en 2000. Le fonds, évalué à 3000 milliards de dinars soit 36% du PIB, est destiné à faire face aux impacts négatifs des fluctuations des prix sur le marché pétrolier international. «Le maintien de cette référence permettra de garantir 3 années de réalisation au rythme des dépenses d'équipement soit également 1/3 des besoins de financement du programme d'équipement public 2005-2009», a justifié le chef du gouvernement. Néanmoins, hormis la loi de finances complémentaire de 2002, les lois de finances depuis 2000, y compris celle de 2006, sont établies par mesure de prudence sur la base d'un prix de pétrole de 19 dollars le baril. Toute plus-value résultant d'un niveau de recettes de fiscalité pétrolière supérieur aux prévisions de la loi de finance alimente donc le Fonds de régulation des recettes (FRR). Mais cette décision suscite à chaque fois des interrogations de la part des députés mais aussi des réactions, de la part d'experts économiques puisque les prix mondiaux du brut culminent à plus de 60 dollars. Le parti des travailleurs s'est toujours opposé à cette démarche. Pour ce parti, c'est une injonction du FMI qui exerce une pression sur l'Etat algérien. Selon Louisa Hanoune, «certes il y a un budget d'équipement conséquent par rapport au plan quinquennal, mais il restera hypothéqué si jamais nos recettes sont détournées en acceptant la base de 19 dollars comme prix de référence». L'expert en économie, Abdelmalek Serrai, qui s'est exprimé sur le sujet, estime que c'est une bonne chose. «C'est une solution de prudence permettant de faire face à toute mauvaise surprise», nous a-t-il déclaré avant de poursuivre: «seulement, la curiosité nous mène à s'interroger sur la destination des réserves en dehors des 19 dollars, en souhaitant plus de transparence à ce sujet». Pour sa part et justifiant ses propos, le chef du gouvernement a présenté, par les chiffres, la situation des recettes budgétaires. En 2006, il a été enregistré 3613,4 milliards de dinars de recettes budgétaires globales dont 2745,1 milliards au titre de la fiscalité pétrolière. Donc la fiscalité ordinaire ne représente que 868,3 milliards de dinars. Elle ne couvre même pas, selon M.Belkhadem, le budget de fonctionnement qui était de 1436,3 milliards de dinars (à peine 60%). Catégorique, le chef du gouvernement dira que la fiscalité pétrolière doit être réservée exclusivement au financement du développement et à assurer l'avenir des générations futures car le pétrole est une ressource non renouvelable, «Ce que nous devons garder toujours à l'esprit», a-t-il dit. Aux yeux des représentants du gouvernement, en adoptant cette stratégie, l'Algérie ne fait pas exception en ce sens car beaucoup de pays exportateurs de pétrole élaborent aujourd'hui leurs budgets sur la base de prix référentiels oscillant entre 15 et 22 dollars le baril de pétrole. Pour eux, les perturbations des cours mondiaux du pétrole justifient cette prudence.