Photo : Riad Par Ali Boukhlef «Certains responsables de cet organisme touchaient des rémunérations pouvant atteindre 300 000 dinars alors qu'ils étaient censés faire du bénévolat.» Il ne s'agit pas d'une société ou d'une entreprise économique et les propos n'émanent pas de l'homme de la rue. Ce sont des accusations, prononcées le 30 août 2007, par un ministre de la République, Djamel Ould Abbes en l'occurrence, contre des responsables du Croissant-Rouge algérien.En réalité, les accusations du ministre de la Solidarité nationale ne sont pas nouvelles et les scandales sont légion dans une organisation censée être humanitaire et non lucrative. Parce qu'il est bon de rappeler que le Croissant-Rouge algérien est une organisation humanitaire, en principe non gouvernementale –alors que, dans ses statuts, il est écrit que le CRA est un auxiliaire du gouvernement- dans laquelle le travail se fait de manière bénévole. Que nenni.Si la plupart des «volontaires» du Croissant-Rouge viennent dans l'organisme à titre strictement humanitaire, la presse fait état de plusieurs affaires de détournement de fonds et de dilapidation de deniers publics au sein de l'organisme. Pis, dans certains cas, les élections pour le renouvellement des instances de l'association tournent à des bagarres qui n'existent même pas dans les partis politiques, où l'ambition individuelle est légitime. Dans d'autres situations, certains responsables locaux deviennent même des nababs qui mènent un train de vie des plus provocants. C'est du travail humanitaire ? Pour illustrer cette situation, il est utile de rappeler certains épisodes récents vécus par le CRA. En janvier 2005, le ministère de la Solidarité nationale, qui exerce une tutelle jamais définie sur le Croissant-Rouge algérien, met fin, de manière unilatérale, au directoire géré par le professeur Mohamed Salah Badouna, pour créer un comité intersectoriel chargé, en principe, de préparer une assemblée générale élective. Le directoire dépose une plainte et obtient gain de cause. Mais à la surprise générale, le ministère refuse d'appliquer la décision de justice. Pis, des cadres du ministère occupaient le siège du CRA, situé au boulevard Mohamed V, en plein centre de la capitale. Entre-temps, le Croissant-Rouge a organisé des élections et un nouveau président est désigné en la personne de Hadj-Hamou Ben Zguir. Cependant, cela n'a pas réussi à faire taire les convoitises ni à camoufler les affaires de détournements et autres soupçons. En outre, les différentes sections de wilaya ne sont pas en reste de tiraillements. Ainsi, le président du comité local de Tizi Ouzou, Hakem Aït Hamadouche, avait été suspendu «à titre provisoire» en 2005. Accusé de détournement, Aït Hamadouche est blanchi par la justice. Il a repris son poste. Mais juste avant le mois de Ramadhan de cette année, d'autres problèmes surgissent. La direction nationale a nommé un autre directoire. Résultat : les comités de daïra se sont solidarisés avec leur président et sont pratiquement privés d'aide. Et certains responsables locaux ont organisé un sit-in devant le siège national qu'ils ont occupé pendant trois jours juste avant le début de mois de Ramadhan dernier. Le problème reste toujours posé. C'est le cas aussi d'autres comités locaux. Des responsables ont été accusés de détournement à Bordj Bou Arréridj et ailleurs. Et ce genre d'affaires risque de se reproduire. Pour rappel, le Croissant-Rouge algérien a été créé au cours de l'année 1956 pour aider les moudjahidine de l'ALN et porter assistance à une population meurtrie par la guerre d'indépendance. Le CRA a poursuivi sa mission en tant qu'organisation de masse après l'indépendance. Redevenu association au début des années 1990, le Croissant-Rouge algérien, qui compte 25 000 adhérents et gère des milliards de dinars (en espèces et en nature) s'est toujours investi dans le travail humanitaire. Sauf que cette mission est parfois détournée.