La coordination du patronat algérien vient de voir le jour sous sa forme la plus achevée, car élargie à celle née en septembre 2003. C'est hier donc que les principales organisations patronales du pays se sont réunies au siège de la société Arômes d'Algérie, dans la zone industrielle de Oued Smar, dans une rencontre marathon qui a abouti à la naissance de la nouvelle coordination dont la réplique pourrait être assimilée, outre Méditerranée, au Medef français. Elle vient donner corps au patronat algérien jusque-là partiellement fédéré et se veut une force de propositions pour le gouvernement, comme le fait savoir M.Habib Youfi du CGA, présent à ce rendez-vous au même titre que M.Hamiani du Forum des chefs d'entreprise, M.Zeraïmi du Ceimi, M.Boualem M'rakech du CAP ou encore de la vice-présidente de Seve qui a représenté le patronat féminin et qui a eu comme représentante, pour l'occasion, Mme Agli qui a déclaré: «Nous venons de rejoindre le patronat, c'est un grand jour pour nous!». Ainsi cette coordination porte désormais dans son giron de nouveaux venus comme Seve ou Ceimi. A l'unanimité, ils ont tous déclaré qu'à ce stade de sa progression, le patronat algérien est en mesure d'avoir une vision commune de l'avenir économique de l'Algérie, avec à l'appui des propositions, particulièrement pour ce qui est du développement de l'entreprise, capable de sortir le pays de l'ornière. Cette nouvelle phase dans l'organisation du patronat a pour idée sous-jacente la concertation, laquelle est confortée par des avis d'experts qui déboucheront sur des prises de positions fondées sur des diagnostics partagés. Loin de faire dans l'opposition syndicale, les patrons algériens semblent donc déterminés à donner une valeur d'expertise dans le but de peser de tout leur poids sur les grandes décisions économiques et politiques du pays. Ils expliquent que leur préoccupation actuelle est d'approfondire leur démarche en procédant à de doctes analyses sur la conjoncture actuelle, en convoquant chaque mois des experts algériens et non pas étrangers, puisque, pour mémoire, ils rappellent que les experts étrangers agissant pour le compte du programme Meda et autres, perçoivent des traitements exorbitants en collationnant le plus souvent les données et suggestions des experts nationaux. Ils ajoutent que ces données collectées sous forme de statistiques et d'orientations d'investissement profitent beaucoup plus à l'autre côté de la Méditerranée. C'est à ce titre que le patronat trouve à redire sur «les IDE et les politiques conjoncturelles». Les patrons qui veulent s'imposer comme interlocuteurs de taille du gouvernement et comme partenaires incontournables dans les négociations propres à l'admission à l'OMC se félicitent néanmoins du retour «aux normes de l'économie». A la veille d'une rentrée sociale où tous les voyants sont au rouge, on croit qu'il s'agit aujourd'hui de sauver avant tout l'entreprise algérienne et la mettre à niveau. Ajoutant que pour faire face à la situation de crise qui risque d'exacerber les pouvoirs publics, chefs d'entreprise et syndicats doivent oeuvrer ensemble en vue de sauvegarder les emplois existant au niveau des entreprises en difficultés. En outre, la mise en place d'une stratégie claire et programmée sous forme d'une feuille de route élaborée en concertation avec toutes les composantes impliquées dans la relance économique, devient impérative et nécessiterait la création d'une institution qui aurait pour tâche le suivi et l'application des résolutions, mesures et décisions prises lors des rencontres d'études et assises. L'institution serait dénommée Ccsa (Comité de concertation et de suivi des actions) qui doit être placée sous la tutelle exclusive du chef du gouvernement et regrouperait les représentants de chaque ministère, de chaque organisation patronale et du partenaire social et aurait, entre autres prérogatives, la préparation des journées d'étude, des assises et des rencontres «bipartites et tripartites». «Il est encore temps de sauver la situation de ce pays» notent les patrons qui demandent à se pencher sur les dossiers d'investissements bloqués depuis des mois, parfois des années, accusant des surcoûts prohibitifs.