Des attaques contre des étrangers ne sont pas une exception pour l'Algérie, affirment-ils. Les investisseurs étrangers en Algérie sont-ils réellement menacés par le Gspc? Les derniers attentats perpétrés à Lakhdaria contre le personnel d'une société étrangère vont-ils décourager ces opérateurs? Investisseurs étrangers, patrons et experts, chacun apporte un regard et un point de vue à ces deux questions. Les opérateurs étrangers ne sont pas inquiets. ADP (Aéroport de Paris) chargé de la gestion de l'aéroport d'Alger, reste optimiste quant à son avenir en Algérie. Francis Latarjet, directeur général exécutif de Sgsia, (Société de gestion des services et des infrastructures aéroportuaires d'Alger), a déclaré hier à L'Expression que «nous allons continuer à travailler avec nos clients en Algérie. Nous allons honorer notre engagement.» Mieux encore, notre interlocuteur n'évoque même pas le niveau de la gravité des choses. «Des attaques contre des étrangers ne sont pas une exception pour l'Algérie. D'autres pays ont connu des cas similaires», précise-t-il. Concernant les deux ressortissants français travaillant dans l'entreprise, et qui ont été rapatriés en France, à la suite de menaces d'enlèvement, la même source explique que «cette menace, en réalité, a anticipé leur retour en France». Se voulant plus explicite, M.Latarjet ajoute que «les deux ressortissants français se trouvent en fin de contrat. Le départ de l'un était prévu la semaine prochaine, tandis que l'autre le sera le mois d'après. Pour preuve, le premier remplaçant sera à Alger incessamment». Cela explique que l'ADP a déjà prévu des remplacements aux deux employés, avant même la menace d'enlèvement et les attaques de Lakhdaria. M.Latarjet rassure encore que la décision de rapatrier ces deux employés a été prise par la direction générale de l'ADP «comme mesure de précaution». Une autre entreprise française de renom, installée en Algérie depuis longtemps, qui a préféré s'exprimer sous l'anonymat pour des raisons de précaution, affirme qu'il n'est pas question d'abandonner ses projets en Algérie. «On peut peut-être parler de précaution et de vigilance, mais on ne laissera jamais tomber nos projets. Le danger ne plane pas sérieusement au point d'abandonner notre investissement», a annoncé un responsable. Et d'enchaîner: «Je trouve, au contraire, que le climat est très prospère pour ceux qui veulent investir en Algérie». De leur côté, les investisseurs locaux s'expriment avec beaucoup de prudence. Boualem M'rakech, président de la Confédération algérienne du patronat, également initiateur du projet UMA économique, appelle à plus de vigilance. «Le terrorisme s'adapte à toutes les conjonctures. Ce qui est visé maintenant n'est plus la sphère politique, mais l'économique. Car les retombées du terrorisme sur l'économie nationale se feront sentir après résiliation de contrat et arrêt de chantiers. Car, on cherche à isoler et à déstabiliser l'Algérie de nouveau, notamment après l'amélioration de son économie». En outre, Abdelmalek Serrai, expert économique estime que «cela ne va pas gêner les grands opérateurs. Ceux qui ont les grands chantiers en Algérie ne peuvent, en aucun cas, les abandonner. Mais, par contre, il faut qu'il y ait plus de communication de la part des autorités algériennes», a-t-il dit. Et de rappeler: «Des pays ont connu des situations encore plus difficiles et plus délicates sans pour cela pousser les investisseurs à plier bagages». Notons que l'Algérie gagne de plus en plus la confiance des investisseurs étrangers, notamment occidentaux, comme le témoignent les contrats et les conventions paraphées ces dernières années. Et que ces menaces ne sont pas sans précédentes. En 2004, l'émir du Gspc, Abou Ibrahim Mustapha alias Nabil Sahraoui, avait diffusé un «communiqué de guerre» contre les étrangers.