Des restaurants de la Rahma et des couffins de Ramadhan sont utilisés dans une sorte de précampagne électorale en prévision des prochaines élections locales. Faut-il appuyer sur le sentiment de solidarité pour faire de la politique? Selon toute vraisemblance la réponse est affirmative. Et pour cause, le mois de Ramadhan de cette année intervient à la veille d'un événement politique important: les élections locales. Ce mois sacré est souvent caractérisé par l'esprit de solidarité. Cette fois, la donne a changé. Un nouvel élément vient, donc, de s'ajouter à l'équation. A travers le territoire national, on a remarqué que les actions de solidarité se sont intensifiées: des restaurants de la rahma sont ouverts, des couffins de Ramadhan sont distribués. Cette générosité n'est, bien entendu, pas gratuite. C'est une sorte de précampagne électorale. Vu la dégradation du pouvoir d'achat et la cherté de la vie, les citoyens se serrent les coudent pour bénéficier d'un couffin ou bien d'un f'tour bien garni et gratuit. A l'intérieur du pays, les citoyens, voire les familles nécessiteuses, se plaignent quant à la répartition des couffins de Ramadhan. A en croire les propos de quelques citoyens qui ont contacté L'Expression pour soulever le problème, la distribution des couffins répond à un certain critère: la tendance politique. Pour les restaurants de la rahma, l'objectif principal est de mieux se rapprocher de la population et de gagner sa sympathie. Selon les témoignages de ces derniers, les associations de quartiers et associations de villages seraient impliquées dans cette campagne, au moment où elles sont chargées d'établir les listes des bénéficiaires et ensuite de la distribution des dons. Réellement, cette pratique n'est pas nouvelle. C'était la politique adoptée par l'ex-FIS dans les années 90. A cette époque, les militants du parti dissous utilisaient tous les moyens de «générosité» pour pouvoir gagner les coeurs des Algériens. Ils étaient présents partout. Remontons encore plus loin: le colonisateur français en Algérie avait la même méthode, l'assistanat. Aujourd'hui, le problème est posé. La situation est plus grave. Arriver au point «d'acheter» les voies des électeurs par des actions dites de solidarité est un acte de trop et il mérite des questions. La principale: «Le peuple algérien est-il aujourd'hui pauvre au point de céder, voire de vendre sa voix, pour un couffin de 4000DA ou un f'tour de 500DA?» Pourtant, l'Islam incite les musulmans à faire preuve de charité et de zakat, mais dans la discrétion absolue. Même dans les coutumes et traditions des Algériens, on ne dévoile pas les actions à caractère caritatif. Aujourd'hui, le pouvoir, au sens large du mot, est appelé à trouver d'autres mécanismes à même de mettre fin à ce «business politique» et d'arrêter de porter atteinte aux droits des citoyens. Le temps est venu pour améliorer le pouvoir d'achat des Algériens, de créer des postes d'emploi, d'encourager la créativité et de lutter contre le chômage au lieu d'habituer les citoyens à l'assistanat et les faire vivre avec la bénédiction du couffin et des restaurants de la rahma. La solidarité a besoin d'une véritable politique pour sa mise en oeuvre et non qu'ell soit utilisée pour gagner les sentiments des gens à des fins politiques.