La violation des droits de l'homme par le Royaume chérifien dans les territoires sahraouis occupés, n'est plus un secret. A peine «accroché» sur l'affaire Ben Barka, le Maroc vient d'être également rattrapé par les crimes commis contre les populations sahraouies. Cette fois, c'est le juge espagnol Baltasar Garzon en personne, qui décide d'ouvrir une enquête. Objectif: déterminer «si le Maroc est responsable d'un génocide et d'actes de torture entre 1976 et 1987 au Sahara occidental». Pas de fumée sans feu. En se mettant sur la piste marocaine, l'éminent magistrat ne compte pas perdre son temps. Il sait qu'il détient des indices solides, à même d'inculper le Royaume. Même si la torture et la violation à grande échelle des droits de l'homme dans les territoires sahraouis ne se limitent pas à cette seule période -puisque les exactions se poursuivent jusqu'à nos jours- l'enquête du juge Garzon pourrait contribuer à sensibiliser l'opinion internationale sur la cause sahraouie. Même si Baltasar Garzon se limite à son travail de juriste, il reste que les résultats de son investigation porteront sans doute leurs fruits. Il est utile de préciser que le juge espagnol a jugé recevable une plainte dont il avait été saisi en septembre 2006, déposée par des associations de défense des droits de l'homme et des familles de victimes faisant état de la disparition de plus de 500 Sahraouis à partir de 1975. La justice espagnole enquêtera sur les responsabilités de 13 suspects sur un total de 32, dont certains sont décédés, notamment l'ex-ministre de l'Intérieur sous Hassan II, en l'occurrence Driss Basri, mort en août à Paris. La majorité des personnes visées par l'enquête sont accusées de détentions illégales, d'enlèvements, de tortures et de disparitions sont de hauts gradés des forces de sécurité (armée et police) marocaines, notamment le chef de la gendarmerie royale, Hosni Benslimane. Le général Benslimane est déjà visé par l'un des cinq mandats internationaux émis le 22 octobre par un juge français qui instruit le dossier de la disparition, à Paris en 1965, de l'opposant marocain Medhi Ben Barka. M.Garzon a demandé au Maroc de lui faire savoir si la plainte concernant les disparitions de Sahraouis faisait déjà l'objet d'investigations ou de poursuites dans le pays maghrébin. Le juge de l'Audience nationale, principale instance pénale espagnole, a ordonné ces poursuites pour un «crime présumé de génocide et de tortures» de la part de responsables marocains dans «une action complexe et systématiquement organisée contre des personnes sahraouies», selon des sources judiciaires. Ce qui veut dire que la torture et les autres formes de violation des droits de l'homme dans les territoires sahraouis sont une pratique institutionnalisée dans le royaume.