En effet, il a promis «de ne chercher ni à tuer ni à blesser ou à faire prisonnier Arafat» Dixit le général Powell, ci-devant, secrétaire d'Etat américain. M.Powell est bien plaisant! Prononcée par un autre homme que par le troisième personnage de l'Administration américaine, cette déclaration serait passée pour de la provocation, à tout le moins, pour des propos peu sérieux, de surcroît méprisants envers le président palestinien. Au total parfaitement en inadéquation avec la situation sur le terrain. Par son invasion de la présidence d'un gouvernement autonome, celui de l'Autorité palestinienne, reconnue par les Nations unies, Israël outrage toutes les lois internationales, et le chef de la diplomatie américaine, plutôt que de condamner ce forfait nuisible aux efforts de paix consentis par ailleurs, s'escrime à justifier l'injustifiable, à tenter de trouver une quelconque raison à une violence inqualifiable de l'occupant israélien. Le général Colin Powell était-il sérieux lorsqu'il reprenait, à son compte, cette absurdité comme quoi Israël «a promis» de ne pas «faire prisonnier» M.Arafat quand ce dernier est privé de sa liberté de mouvement depuis le 3 décembre de l'année dernière? Le chef de la diplomatie des Etats-Unis, dont le rôle est de condamner de tels dépassements, travaille-t-il enfin à calmer le jeu quand il disculpe les Israéliens de leur responsabilité dans la recrudescence de la violence? Un chef de gouvernement, Yasser Arafat, incontournable dans tout processus de paix au Proche-Orient, est ainsi traîné dans la boue, humilié depuis des mois par le criminel de guerre Ariel Sharon, et M. Powell ne trouve à dire que ces paroles rien moins que provocatrices: «Israël a promis...» C'est la loi de la force qui s'exprime ainsi, par la déclaration du général Powell, dans tout ce qu'elle a de méprisable, de petit parce que, fort de la position de son pays, plutôt que d'avoir recours à la raison, - et celle-ci incite à faire appliquer les différentes résolutions de l'ONU sur le conflit israélo-palestinien -, il fait sien le postulat, jamais vérifié en fait, de régler un conflit armé par le seul moyen de la force. Alors que l'on s'attendait à ce que le chef de la diplomatie de la seule puissance mondiale, en sus du fait qu'elle soit le parrain du processus de paix, proclame - ce principe de la Charte de l'ONU - que force doit rester à la loi, au contraire, il absout un criminel de guerre qui menace d'incendier toute la région du Moyen-Orient par ses oukases. Les chars israéliens campent depuis vendredi matin dans le parking du QG de l'Autorité autonome palestinienne, à deux pas des bureaux du président Arafat, et M.Powell ne trouve rien d'autre à dire, pour rassurer l'opinion publique mondiale indignée, que ces propos lénifiants comme quoi: «Israël a promis...» Jusqu'où ira la mansuétude, pour ne point dire l'aveuglement, du protecteur d'un Etat hébreu qui ne sut, à aucun moment, raison garder, défiant la communauté internationale, quelque part tétanisée par les risques d'accusation d'antisémitisme. Ce qui permet à Israël d'outrepasser, voire d'outrager, toutes les lois internationales dans l'impunité totale contre un peuple qui, à force inégale, tente de faire valoir ses droits niés par les Israéliens. La sortie de vendredi du secrétaire d'Etat américain est rien moins que lamentable, lui, qui devait donner l'exemple de la fermeté, se fait l'avocat du boucher de Sabra et Chatila, Ariel Sharon, qui sème la mort et la terreur parmi le peuple palestinien. Quand les Arabes réunis à Beyrouth offrent la paix aux Israéliens, contre le retrait des territoires arabes occupés, Sharon réplique par une politique de la terre brûlée, dévaste les villes palestiniennes, isole Arafat. Powell condamne-t-il ces atteintes grossières aux dernières tentatives de trouver une issue juste au conflit entre Israéliens et Palestiniens? Non, il nous apprend qu'«Israël a promis...». Mais que peuvent les chars, les bombardiers, les missiles israéliens contre la détermination d'un peuple à faire reconnaître ses droits? Tant que les Israéliens, et avec eux les Américains, n'ont pas compris, ou plutôt ne souscrivent pas à cette demande inscrite dans les résolutions mêmes du partage de la Palestine historique, il est évident qu'aucune issue équitable n'est possible. La puissance militaire d'Israël, qui est réelle, n'est cependant pas suffisante pour venir à bout des revendications du peuple palestinien admises et soutenues par la communauté internationale. De fait, les Israéliens, de même que les Américains, qui ne surent pas conseiller la pondération à leurs protégés, n'ont su ni saisir l'offre arabe ni tirer les leçons de ces dernières années de guerre, qui auraient dû, pourtant, leur enseigner que la détermination des peuples est plus puissante que le nombre des chars et avions qui peuvent être alignés. Ce qui donne cette sortie peu glorieuse d'un général américain, chef de la diplomatie de son pays, qui temporise quand il faut condamner les dépassements du criminel de guerre Ariel Sharon.