Il arrive aussi que des affiches soient collées sur d'autres, «pousse-toi que je m'y mette!». Dix jours après son lancement, la campagne électorale pour le scrutin du 29 novembre se distingue toujours par sa morosité. Les acteurs politiques continuent de s'adresser aux électeurs en disposant de moyens légaux. D'abord, les meetings et conférences qu'on abandonne de plus en plus, en raison de la défection du public, puis l'affichage sur les sites réservés spécialement à cet effet. A Béjaïa, plusieurs centaines de tableaux ont été conçus pour cette campagne. Leur nombre varie en fonction de la densité de la population. Cela va de 10 sites pour la plus petite commune jusqu'à 30 sites pour la plus peuplée, en l'occurrence la commune de Béjaïa. Sur le terrain, force est de constater qu'aucune règle n'est respectée en la matière. L'affichage reste le point noir habituel des campagnes. Au-delà de l'atteinte à l'environnement qui en découle, c'est l'éthique politique qui en prend un coup. Les sites officiels de publicité électorale sont exploités anarchiquement. Et ce ne sont pas les citoyens, qui constatent cet état de fait au quotidien, qui vont nous contredire. En effet, il arrive que des partis «se trompent» d'endroit et collent leur affiche sur l'emplacement réservé à leurs concurrents. Il arrive aussi que des affiches soient collées sur d'autres, «pousse-toi que je m'y mette!». Un scénario qui se répète en fait, car déjà vu par le passé. L'affichage est aussi un terrain de lutte, c'est pourquoi toutes les astuces sont bonnes à prendre. Aussi, tous les endroits capables de retenir une affiche sont exploités. On ne se soucie même pas du caractère privé du lieu, de l'image des villes, villages et quartiers. Les affiches des législatives sont encore là et côtoient allègrement celles des locales. Elles ne se distinguent d'ailleurs que par leur état (neuve et vieille). De quoi perdre la tête. L'anarchie règne en maître. La loi est bafouée partout par ceux qui sont censés l'appliquer. Les partis agissent comme s'ils ne sont pas dans un Etat qui a ses règles et ses lois. Pis, on oublie même que leurs gestes ne devraient en principe souffrir aucune ambiguïté. Car le contraire est là pour confirmer autant de dépassements. On ne respecte rien. Le cadre environnemental en prend un sérieux coup tout comme le citoyen qui ressent la chose comme un manque de respect, oeuvre de ceux qui le convoitent au quotidien. L'affichage à lui seul indique l'état d'esprit des postulants. «Si on commence par dépasser la loi maintenant, de quoi sera fait demain?» La sentence de ce citoyen en dit long sur l'évolution des moeurs politiques dans notre pays. Comment un politique fait-il preuve d'autant de dérapages? Comment se fait-il que l'administration ne bouge pas le doigt? Des questions que l'homme de la rue se pose avec cette conviction que le comportement contraire, c'est-à-dire respectueux des règles et lois, pourrait à lui seul redonner confiance aux citoyens aussi bien par rapport à l'administration qu'à la classe politique. Le discours politique ne suffit plus pour convaincre. Dire quelque chose et faire son contraire sur le terrain, voilà ce qui a conduit au discrédit. Le citoyen a besoin d'actes concrets qui prouvent la volonté de changement. L'affichage aurait été une opportunité de le signifier. Une occasion ratée, encore une fois.