La monnaie unique européenne a atteint son plus bas niveau depuis quatre ans entraînant dans son sillage les cours de l'or noir. Quoi de nouveau pour l'économie algérienne qui vient depuis hier d'exporter ses premiers quintaux d'orge depuis près d'un demi-siècle? Rien de bien significatif, si ce n'est que la baisse de la devise européenne devrait en principe agir positivement sur ses exportations qui demeurent malgré tout assez massives surtout en ce qui concerne la facture alimentaire. Elle avait culminé à 8 milliards de dollars en 2008. Une baisse notoire ayant été enregistrée en 2009, la ramenant à près de 6 milliards de dollars. Cette baisse est principalement due à des récoltes céréalières exceptionnelles l'année dernière. Il faut cependant, reconnaître que 2008 fut une année faste pour l'économie nationale malgré la chute vertigineuse des prix du baril de pétrole qui, après avoir dépassé les 147 dollars au mois de juillet se sont écroulés pour se retrouver sous les 33 dollars au mois de décembre. Ce qui n'a pas empêché cette année-là, l'Algérie d'engranger une manne financière de 78 milliards de dollars. Mais en 2009, les revenus pétroliers n'ont atteint que 44,3 milliards de dollars, soit une chute de 42% par rapport à l'année précédente. En ce qui concerne l'année 2010, l'Algérie table sur des revenus qui oscilleraient autour des 50 milliards de dollars. Un objectif qui devrait être largement atteint si les cours de l'or noir se maintenaient dans une fourchette comprise entre 70 et 75 dollars. Des prix estimés «satisfaisants» par les pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Cependant, les prix du pétrole viennent de clore la semaine sur une lourde baisse. Le baril a cédé 3,10 dollars à New York, sous les effets combinés d'un euro en perte de vitesse et de la publication décevante des chiffres concernant les créations d'emplois aux Etats-Unis. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «Light Sweet Crude» pour livraison en juillet, a clôturé à 71,51 dollars. Un prix qui devrait arranger les pays membres de l'Opep. On est cependant loin des 86,16 dollars enregistrés le 30 avril 2010. Fortement chahutés par la crise grecque, les cours de l'or noir ont perdu près de quinze dollars en l'espace de 35 jours. «L'euro a lancé le mouvement, et ensuite les indicateurs américains n'ont pas été aussi positifs qu'attendu. Tous les marchés l'ont mal pris», a fait constater Tom Bentz, de BNP Paribas. Le marché du travail aux Etats-Unis se présentait sous les meilleurs auspices. Les chiffres mensuels de l'emploi ont toutefois subi un net ralentissement dans le secteur privé. Au mois de mai, les créations nettes d'emplois n'ont pas dépassé 431.000, contre un demi-million qui était attendu. L'attaque la plus significative qu'ont eu à subir les cours de l'or noir réside dans le renforcement du billet vert depuis l'intensification de la crise budgétaire en Europe. Elle a eu pour conséquence de faire baisser les prix des matières premières libellées en dollar qui avaient enregistré leurs plus hauts niveaux de l'année 2010 au début du mois de mai. Vue sous cet angle la nouvelle est plutôt bonne pour l'économie algérienne. Ce qui peut aussi fournir une explication appropriée de la baisse, annoncée, de la facture de ses importations. Elle aurait baissé de 3% au mois d'avril 2010 selon les derniers chiffres fournis par le Centre national de l'informatique et des statistiques (Cnis). Les prix du pétrole qui évoluent encore à des niveaux «satisfaisants», selon les déclarations des principaux responsables de l'Opep sont, il faut le signaler, en perte de vitesse. L'hémorragie sera-t-elle stoppée? «Avec les problèmes en Europe et un potentiel ralentissement en Chine, et si la situation de l'emploi aux Etats-Unis ne s'améliore pas, alors certaines des prévisions pour la croissance dans la dernière partie de l'année vont probablement être révisées en baisse, et on ne verra pas le retour de la demande sur le marché du pétrole», a expliqué l'analyste de BNP Paribas, Tom Bentz. Il faudra attendre sans doute le début de la semaine (aujourd'hui), pour en savoir plus. La situation semble toutefois céder au pessimisme.