Les cours de l'or noir ont enregistré un gain de près de 5 dollars en l'espace de quatre jours sur fond d'une spectaculaire chute des réserves américaines. Le nord-est des Etats-Unis grelotte de froid. La demande de fioul de chauffage augmente. Les stocks pétroliers ont connu une baisse d'une ampleur inattendue. Le rapport hebdomadaire du DoE, le département américain de l'énergie, fait part d'une diminution des réserves pétrolières de la première économie de la planète de 4,9 millions de barils pour le brut en ce qui concerne la semaine dernière. Une chute qui a pris de court bon nombre d'experts. Cinq fois plus que ce qu'ils avaient pronostiqué! Les produits distillés (gazole et fioul de chauffage) ont, quant à eux, reculé de 3,1 millions de baril. Soit deux fois plus que ce qui était attendu par les analystes. La baisse la plus surprenante est à mettre à l'actif des stocks d'essence qui ont affiché une baisse de 900.000 barils, effaçant du même coup le gain réalisé il y a quinze jours et qui était exactement du même ordre. Ce qui explique le rebond réalisé durant la séance de mercredi par le baril de pétrole dont les prix ont engrangé une hausse de 2,27 dollars par rapport à la journée de mardi. Alors que l'on pensait que l'on s'acheminait vers une hausse modérée en fin d'échanges européens, les cours ont bondi. La réaction, aux statistiques que venait de rendre publiques le DoE, a été pratiquement instantanée. Le baril de «Light Sweet Crude» sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), pour livraison en février, allait prendre du coup 2,27 dollars, terminant à 76,67 dollars. Le baril de Brent de la mer du Nord, coté à Londres sur l'Inter Continental Exchange, enregistrait pour la même échéance un gain de 1,99 dollar pour finir à 75,45 dollars. Le baril de pétrole se situe-t-il désormais dans une courbe haussière qui devrait durer ou bien n'est-ce qu'un feu de paille? Les cours de l'or noir ont beaucoup joué au yo-yo ces derniers temps. Il faut juste signaler que les prix du pétrole, qui évoluent au gré de la devise américaine, auraient bénéficié d'un léger repli du billet vert par rapport à la monnaie unique européenne. 1,435 dollar pour un euro. Toute baisse de la devise américaine oriente les investisseurs vers les matières premières. Un réflexe qui tend à les prémunir contre les pertes que pourrait subir la valeur de leur capital. A la veille de Noël, synonyme de congé pour le marché pétrolier, les cours de l'or noir ont accentué leur hausse, dopés par la baisse des réserves pétrolières des Etats-Unis. «La baisse totale des réserves est de 14,4 millions, en plus d'un recul de 12 millions la semaine précédente. Cela représente une chute de deux millions de barils par jour. C'est très significatif», a fait remarquer l'analyste indépendant Ellis Eckland. Soit environ 10% de la consommation quotidienne de l'économie américaine. L'embellie que connaît le marché pétrolier répond aussi, selon les analystes, à la bonne santé des places boursières, notamment Wall Street qui a connu une progression depuis l'automne 2008 et dont les indices ont terminé au plus haut. Ce qui présage de perspectives économiques favorables. Les prix du pétrole sont-ils condamnés à évoluer dans une fourchette entre 70 et 80 dollars? «Ils peuvent y rester pendant encore longtemps: d'un côté on a la croissance en Asie qui fait monter les prix, et de l'autre, on a de plus en plus de pétrole qui vient des pays membres de l'Opep», a souligné Mike Fitzpatrick, de MF Global. Le froid qui semble s'être installé durablement aux Etats-Unis et qui n'a pas épargné les pays européens gros consommateurs d'or noir, combiné à une nouvelle réduction des stocks américains, devrait booster les cours du baril. «On commence à avoir une situation où le rapport entre offre et demande pourrait être resserré rapidement», a pronostiqué Ellis Eckland. Un objectif que s'est fixé l'Opep en 2008 lorsqu'elle a diminué sa production de 4,2 millions de barils par jour. Une décision qui, à moyen terme, doit porter ses fruits. Jeudi, le baril de «Light Sweet Crude» a enregistré un gain de 1,38 dollar pour terminer la semaine à 78,05 dollars. Un prix qui devrait permettre à l'économie algérienne de garder la tête hors de l'eau.