«L'Algérie est un grand pays, c'est un pays ami, nous voulons en faire un pays frère et c'est ce qui est en train de se faire.» La lune de miel a-t-elle commencé entre l'Algérie et la France, avant même l'arrivée de Nicolas Sarkozy pour une visite d'Etat? En tout cas, à en croire la sérénade chantée par MM.Medelci et Kouchner, la situation est mûre pour un partenariat stratégique entre les deux capitales, à tous les niveaux. Pour reprendre l'expression de M.Medelci: il est temps que cette coopération «se situe au niveau économique, mais aussi sociétal et humain». Certes, ce ne sont pas que paroles de diplomates et aux formules châtiées, habitués à ce genre de circonvolutions, mais force est de dire que des deux côtés de la Méditerranée, on veut aborder les sujets qui fâchent sans «tabou». Même si la visite du chef de l'Etat français a commencé sur un couac: la fausse vraie venue du chanteur Enrico Macias dans les bagages de Sarkozy. En exprimant une fois de plus son opposition à une telle venue, en des termes décidément peu diplomatiques pour un responsable de haut niveau «je ne serrerai pas la main d'Enrico Macias», le chef du gouvernement refuse de tourner la page du passé et campe sur des positons arrière-gardistes. On ne se refait pas et ce n'est pas à son âge que M.Belkhadem risquerait d'évoluer! Quant à MM.Medelci et Kouchner, ils ont entonné la même trompette pour chanter les vertus d'une fraternité retrouvée. D'un pacte renouvelé. On n'en est plus au traité d'amitié (laissons le temps au temps, aurait suggéré M.Medelci), mais on est carrément passé au traité de fraternité. «L'Algérie est un grand pays, c'est un pays ami, nous voulons en faire un pays frère et c'est ce qui est en train de se faire», a déclaré, sans ambages, Bernard Kouchner. De telles envolées lyriques sont-elles de circonstance ou bien cachent-elles une vérité? «Nous avons eu des divergences et des fracas, maintenant construisons ensemble», a-t-il précisé avant d'ajouter, à l'issue d'un entretien avec son homologue algérien: «La France veut faire de l'Algérie un partenaire de choix et établir avec elle une relation stratégique», en affirmant avoir discuté avec Mourad Medilci de nombreux dossiers bilatéraux jugés prometteurs. La même franchise a prévalu côté algérien, puisque le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci a affirmé sur un sujet très sensible en Algérie, à savoir le dossier du Sahara occidental, ce qui suit: «L'Algérie et la France souhaiteraient que les négociations entamées à Manhasset puissent être poursuivies, intensifiées et conduire à une solution définitive au problème du Sahara occidental», en précisant que «nos points de vue ne sont pas aussi divergents qu'ils ne le paraissent». Quant à M.Kouchner, il a promis qu'on ne sera pas déçus. Il a, dans ce contexte, annoncé un certain nombre de grands travaux et projets structurants nécessitant de grands investissements. Il a qualifié le marché algérien de prometteur: «Nous allons poursuivre nos investissements et les intensifier, car le climat politique est meilleur tout comme le climat bilatéral. On y retrouve un sentiment de complémentarité et d'accueil.» Pour ce qui est du grand projet de l'Union méditerranéenne, Bernard Kouchner a cité le dossier de l'eau, indiquant que la présidence française de l'Union européenne va offrir des projets de ce genre au profit de la rive sud de la Méditerranée.