La consommation moyenne des budgets débloqués par l'Etat, dans le cadre des plans communaux de développement, ne dépasse pas les 40%. Quels projets pour les communes et quels sont les moyens pour les mettre en oeuvre? C'est, la principale problématique pour les futures assemblées élues qui seront issues du scrutin du 29 novembre. Il est évident que le développement local constitue le défi majeur que chaque élu doit relever. Toutefois, les prérogatives limitées des élus, le prétendu manque de budgets, l'absence d'initiatives sont les principaux facteurs de blocage, aux yeux des futurs élus. Pourtant, la situation n'est pas aussi dramatique. Pour cause: au moment où les candidats et les chefs de formations politiques, invoquent le manque de ressources financières leur permettant de faire appliquer leurs programmes, des dizaines de milliards de dinars sont reversés au Trésor public à la fin de chaque mandat. Comble du paradoxe. Des fonds destinés à la réalisation de travaux d'intérêt général, «hibernent» chaque année dans les caisses des APC, avant d'être réexpédiés à leur destinataire. D'importants projets sont entamés et sont mis sur «cale» depuis plusieurs années, sans que l'on connaisse les véritables responsables de ce gâchis. En effet, comment se fait-il que des APC qui prétendent crouler sous les dettes, arrivent à peine à consommer la moitié des budgets qui leur sont alloués? A en croire des sources sûres, la consommation moyenne des budgets débloqués par l'Etat dans le cadre des plans communaux de développement (PCD) ne dépasse pas les 40% dans la plupart des communes. D'après des sources concordantes, près de 70% des communes ne consomment que 20 à 30% de leurs budgets. Où réside donc le malaise? La mise en oeuvre des projets de développement est-elle seulement liée au volet financier? il est certain que plusieurs facteurs sont à l'origine de cette situation on ne peut plus paradoxale. D'une part, des communes traînent le «boulet» de la dette et d'autre part consomment à peine la moitié des budgets qui leur sont alloués. Des montants qui se chiffrent, parfois, en milliards de dinars. Autre argument avancé: la non-adoption des nouveaux projets des Code communal et de wilaya, conférant aux élus des prérogatives plus élargies, va encore une fois différer la liberté des élus à disposer des budgets et prendre des initiatives en faveur des populations, qui les ont élus. Cette impuissance à faire appliquer leur «feuille de route» met les futurs exécutifs face à un véritable dilemme. Ils prennent des engagements envers la population, feignant d'ignorer qu'ils ne détiennent pas les prérogatives pour concrétiser ces promesses. Nul n'ignore que l'élu est sous la «coupe» du chef de daïra, sans lequel aucun projet d'envergure ne peut être lancé. Les priorités sont toujours fixées par l'administration. Point important que certains partis politiques, n'ont pas manqué de relever lors de la campagne électorale. C'est le cas du RND qui appelle à l'urgente «décentralisation du centre de décision» et du RCD, du FFS et du PT, qui appellent à rétablir les élus dans leurs attributions qui leur permettront de mettre en oeuvre le programme sur la base duquel ils ont été élus. Une autre hypothèse de la non-consommation des budgets résiderait dans le côté psychologique qui motive l'action de l'élu. Les poursuites judiciaires lancées à l'encontre de pas moins de 554 élus locaux, dont 136 maires, dénote ce malaise qui ronge les APC. La mauvaise gestion, la passation de marchés douteux et le détournement en série de deniers publics sont les principaux griefs retenus contre eux. Selon des sources sûres, certains élus refusent de lancer des projets de développement de crainte de faire l'objet de poursuites judiciaires, surtout s'il s'agit de grands chantiers. Les mêmes sources mettent en avant un autre facteur de blocage; des avis d'appels d'offres pour le lancement de certains projets restent, dans la plupart des cas, infructueux. Le manque de foncier industriel constitue aussi, l'élément négatif pour les projets industriels. Là aussi, il faut attendre l'aval du chef de daïra ou du wali pour débloquer la situation, au moment où, pourtant, chaque commune possède une agence foncière. En somme, la gestion des communes est loin d'être une question de fonds. Elle est avant tout une question de bonne gouvernance et surtout de prérogatives.