Le recours à la tente s'est généralisé ces derniers jours. Les rues d'El Bahia ressemblent à s'y méprendre à une plage en période estivale. Depuis les derniers effondrements dus aux intempéries, la ville d'Oran connaît une nouvelle carte de l'habitat. Une carte imposée par des habitants des vieux quartiers que nulle autorité n'arrive à maîtriser. Du moins pour l'heure. Des mesures rigoureuses sont, d'ores et déjà, annoncées par les pouvoirs publics. Le recours à la tente s'est généralisé durant ces derniers jours. Des tentes improvisées en pleine rue. Une manière de se signaler sinistré ou sous la menace d'effondrement. Un fait qui n'est pas nouveau. En moins d'une semaine, ce dernier a pris des allures phénoménales, notamment depuis la visite, jeudi dernier, du ministre de la Solidarité nationale, Djamel Ould Abbès, et qu'il a annoncé un programme spécial El Hamri. Dès lors, l'utilisation des tentes s'est généralisée, au point de se croire à la plage en période estivale. Aussi, la commission, ayant pour mission la prise en charge des familles menacées et installées par Ould Abbès, aura du pain sur la planche. Aux yeux des habitants des quartiers populaires, le ton est, désormais, à l'attribution des logements. Mais, pour les plus avertis, la situation est à son comble: toutes les habitations menacent ruine. Cependant, un fait est à retenir et à dénoncer: des familles aisées et propriétaires des habitations intactes, n'hésitent pas à se déclarer sinistrées. Le ridicule ne tue pas. Et le phénomène de l'improvisation de la tente, en pleine rue, a vite gagné et les esprits et les quartiers. C'est le branle-bas de combat. En un laps de temps, ce moyen «fallacieux» a connu une véritable éclosion et pris des proportions alarmantes. Les habitants des quartiers populaires sont, pratiquement, tous, pour ainsi dire, sous les tentes. Seule et unique alternative pour «apitoyer et attirer l'attention de l'administration», a rétorqué un citoyen. Et d'ajouter: «Ecrivez sur votre journal que El Hamri est déclaré quartier sinistré.» Idem à Derb. «Ici, il y a même une rue baptisée la rue de la mort», souligne un sexagénaire. Selon ce dernier, c'est au niveau de ladite rue, qu'un effondrement a causé la mort de deux membres d'une même famille, il y a de cela quelques années. La ville d'Oran perd son charme. Les effondrements ont donné naissance à la prolifération d'un nouveau phénomène. Ce phénomène n'était, jusqu'à la semaine dernière, perceptible qu'au niveau de la périphérie d'El Bahia, où quelques bidonvilles sont encore visibles et dont la démolition est programmée. Aujourd'hui, les ruelles et rues des quartiers d'El Hamri, Derb, Saint Antoine, sont obstruées. Tout accès à l'intérieur de ces labyrinthes est difficile. El Bahia perd son caractère originel. Pis, elle ressemble de plus en plus à une sorte d'oasis ou les bédouins ont installé leur bivouac. Le phénomène des tentes remonte aux débuts des années 2000, date des premiers effondrements. Un phénomène encouragé par l'indulgence, la passivité, le laxisme et le laisser-aller des autorités locales. Des mesures urgentes s'imposent au risque de voir les rues d'Oran se transformer en plages. D'autant plus que, plusieurs quartiers sont constitués du vieux bâti. A cela s'ajoutent les constats de péril délivrés par l'APC d'Oran aux familles dont les maisons menacent ruine. De ce fait, les intrus et indus guettent de près ces évolutions pour annoncer leur entrée en lice. Ils renverseront l'équation. Et sans nul scrupule, ces derniers faussent tous les calculs. Ainsi, ils bousculeront inévitablement les véritables nécessiteux. La fin justifie les moyens. Seulement, et afin de mieux cerner le dossier, le ministre de la Solidarité nationale a été clair jeudi. «Pas de surenchère, ni de chantage sur le dos des morts.» Aussi, le wali d'Oran, n'est pas allé par tente-six chemins pour désapprouver le recours à la tente. Les effondrements continuent de faire des victimes. Les effondrements ont fait une vingtaine de morts. Plus de 800 bâtisses se sont effondrées depuis 2001. Et, l'hiver n'est qu'à ses débuts. Le pire est à craindre.