Dans un calme apparent, la région vit encore sous tension. Tigzirt, Boghni et Irdjen ont vécu, dans la soirée et la nuit de lundi à mardi, l'enfer de la violence crue et bestiale. La Kabylie plonge-t-elle de plus en plus, dans la terreur et l'horreur ? C'est du moins ce que l'on est tenté de dire au vu de ce qui s'est passé à Boghni, Tigzirt et Irdjen. Les trois villes ayant connu la terreur à l'état brut. Ainsi, à Irdjen, par exemple, la tension était à son comble, les émeutes ont atteint le paroxysme dans la nuit et des villages voisins, des gens ameutés par les cris et les larmes des , ont accouru pour porter secours. Le dérapage a pu être ainsi évité de justesse. La réaction des gendarmes aurait, de l'avis de plusieurs citoyens de la région, dépassé l'entendement. Outre les coups et les insultes, les pandores ont même violé des domiciles. Ce qui ajoute, à l'atmosphère ambiante, déjà plus que chargée. Les barbes blanches ont très mal pris la chose et, perdant leur calme, ont carrément comparé cette action à celle de jadis, que l'armée d'occupation avait eue contre les populations. A Larbaâ Nath-Irathen, après le départ de la gendarmerie qui a évacué les lieux à l'aube, des citoyens, en majorité des jeunes, voulaient détruire la brigade de gendarmerie. La police, notamment locale, a essayé de «raisonner» la foule qui, finalement, s'est dispersée. La ville a quand même baissé rideau, car les esprits étaient encore échauffés. Les nouvelles des affrontements et autres émeutes n'étaient pas faites pour rassurer les gens et ce, sans compter que, selon des sources crédibles, plus de 300 mandats d'arrêt ont été lancés, uniquement pour la wilaya de Tizi Ouzou. Renforçant cette «rumeur», la vaste campagne d'interpellations bat son plein en Kabylie. Ainsi, et pour la seule journée de lundi, 5 délégués ont été arrêtés à Draâ El-Mizan. Il s'agit de D. Saïd, M.Ahcène, H.Chaâbane, A.Mohamed et B.Kamel. Un ancien blessé du Printemps noir, S.Y.Kamel a également été arrêté. Dans la daïra de Boghni, ce sont quelques jeunes émeutiers qui ont été interpellés, il s'agit de B.Mourad, A.Karim, C.Mouloud, D.Rabah et A.Riadh. Alors qu'à Tigzirt, Ilmène Makhlouf, un ancien président d'APC de la ville, a été interpellé. A Fréha, plusieurs arrestations ont également été signalées dont celle d'un délégué, S.Ahcène. Bref, partout en Kabylie, on ne signale que des recherches et arrestations, ponctuées d'émeutes, souvent portées au paroxysme avec, à la clé, une riposte plus que musclée des éléments du GIR de la gendarmerie. La Kabylie donne cette redoutable impression d'avoir dépassé le stade de la colère et de la peur. Les visages fermés, les vieux, surtout, regardent avec désolation, ce que peuvent faire des gens censés respecter et faire respecter la loi. Ces dérapages vont-ils rester impunis ? Les gens, alors ne comprendraient pas. De leur côté, les élus FFS à l'APW ont, dans un communiqué et après avoir passé en revue les circonstances actuelles que vit la Kabylie, et fait part de leurs craintes de compter encore des assassinats et des blessés, «lancent un appel urgent aux institutions nationales et internationales des droits de l'Homme et aux ONG pour peser de tout leur poids en faveur de l'arrêt immédiat de la répression».