Le commandement de la Gendarmerie nationale a décidé de verser l'ensemble des films auprès du parquet. Alors qu'elle a évacué la septième brigade en dix jours en Kabylie dans le cadre du redéploiement, la Gendarmerie nationale a décidé de filmer les émeutes afin de démentir le fait que des «expéditions punitives» soient commises par des éléments de son corps. Le commandement de la Gendarmerie nationale a introduit l'utilisation systématique des caméras, des appareils photo et des prises de vues aériennes par hélicoptères dès qu'une émeute éclate dans une des localités de Kabylie. Cet usage de l'image qui était jusque-là restreint, va être systématisé après que le commandement régional de Tizi Ouzou, Bouira et Béjaïa eurent reçu des instructions dans ce sens afin de «lever toute équivoque sur les incidents troubles dont sont accusés des membres de la Gendarmerie». Cette décision est intervenue après les incidents de Tigzirt où la presse a fait état de kidnapping et de séquestration de jeunes émeutiers par des «gendarmes en civil à bord de voitures banalisées». La Gendarmerie fait état, selon son constat, du fait que des éléments «cagoulés» investissent des manifestations et procèdent, effectivement, à l'enlèvement de jeunes. Des témoignages indiquent également que ces kidnappings sont opérés à l'aide d'armes blanches et que certains émeutiers ont été embarqués dans des voitures banalisées avec des plaques d'immatriculation étrangères et qu'ils ont été interrogés par des «gendarmes en civil». Le commandement de la Gendarmerie nationale a également décidé de verser l'ensemble des films tournés en tant que pièces à conviction auprès du parquet compétent qui devrait diligenter des enquêtes pour identifier les véritables auteurs des enlèvements et des expéditions punitives dans ces régions. Dans ce sens, la Gendarmerie s'est considérablement renforcée en matériel d'enregistrement numérique et vidéo afin de filmer le déroulement des événements. Sur cette base, les hélicoptères de la Gendarmerie nationale ont été équipés de nouvelles caméras avec des zooms sophistiqués capables de filmer à 3.000 m d'altitude des numéros minéralogiques. «Nous allons utiliser tous les moyens possibles afin de mettre un terme aux spéculations concernant le corps de la Gendarmerie nationale et apporter des preuves quant aux commanditaires et auteurs des actes qui visent à entacher les gendarmes», nous indiquent des sources du commandement général. Sur un autre plan, le redéploiement de la gendarmerie se poursuit avec le démantèlement de la septième brigade à Boghni, dans la wilaya de Tizi Ouzou. Comme à l'accoutumée, de jeunes émeutiers ont guetté la sortie des premiers camions des gendarmes pour les attaquer avec des pierres et détruire les locaux abandonnés de la brigade afin qu'ils ne soient pas réoccupés.