Le gouvernement de Benflis «pense sérieusement» ajourner la date du scrutin. Selon des observateurs politiques, les conseillers auprès de la présidence de la République auraient étudié, cette semaine, l'option du report des élections législatives prévues pour le 30 mai prochain. Dans le même but, font remarquer les mêmes sources, le gouvernement de Benflis «pense sérieusement» ajourner la date du scrutin «pour un délai qui ne dépassera pas la fin de l'année 2002». Dans une déclaration à un quotidien étranger, de hauts responsables ont affirmé que le gouvernement saisira cette occasion pour multiplier les efforts afin de mettre un terme à la crise que vit la Kabylie depuis une année. Récemment, le président de la commission d'enquête sur les événements de Kabylie a évoqué le déplacement des personnalités nationales dans la région pour trouver une issue à la crise. Le report constitue donc le premier pas vers ce dénouement. En effet, il s'est avéré, de l'avis même de la majorité des partis politiques, que la tenue du scrutin sans la participation de toute une région du pays est à la fois risquée pour l'unité nationale et pour les institutions à élire qui seront frappées de discrédit. Ainsi l'une des éventualités qu'adopterait le pouvoir est d'organiser les deux scrutins (législatif et local) en une semaine. Il est fort probable que ces élections APC et APW se déroulent en septembre prochain. Faisant effet boule de neige, l'idée du report a atteint trois formations politiques 48 heures après la décision du FFS, rendu publique en live et en prime time, ce qui a renforcé le scénario du report des législatives au sein même du gouvernement, dit-on. Etant de la coalition gouvernementale, la décision du PRA et de l'ANR, qui plaide pour l'ajournement du scrutin, lève le voile sur l'atmosphère qui règne dans les bureaux du Palais du gouvernement. A ce titre, le parti de Redha Malek était suffisamment clair sur la question. «On ne peut pas aller aux élections au prix d'une sécession électoraliste», avait affirmé le président de ce parti avant d'ajouter: «Ces élections ne doivent pas se tenir pour la simple raison qu'il y a un échéancier à respecter». Plus souple, le Parti du renouveau algérien (PRA) a appelé à la prorogation du mandat de l'Assemblée populaire nationale (APN) du fait de la détérioration de la situation dans la région de la Kabylie, «ce qui ne permet pas à cette région de participer aux prochaines élections». Une journée avant, la porte-parole du Parti des travailleurs (PT), Mme Louisa Hanoune a demandé, de son côté, le report des élections législatives en raison de «la situation extrêmement dangereuse» que vit le pays. «A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles», a-t-elle dit. Estimant que la tenue des élections dans les conditions que connaît actuellement la Kabylie est un péril réel pour le pays, plusieurs personnalités se sont également prononcées pour le report. Parmi elles, Taleb Ibrahimi, Sid-Ahmed Ghozali, le général à la retraite Benyelles, Abdelhamid Mehri... L'ancien Chef du gouvernement, Mokdad Sifi, a affirmé que c'est une atteinte à la dignité des Algériens et un saut vers l'inconnu que d'organiser le scrutin le 30 mai. En revanche, quatre partis de la coalition gouvernementale (RND, FLN, Ennahda, MSP) observent encore le silence, quand ils ne se déclarent pas partisans de la tenue de l'élection dans les délais fixés à l'image du parti d'Ahmed Ouyahia. Officiellement, le mouvement de Nahnah n'a même pas pris la décision de participer au scrutin. Du côté du FLN, dont le secrétaire général est aussi Chef du gouvernement, rien n'a filtré concernant cette option de report qualifiée d'ultime solution par des partis politiques.