«Le prix affiché par les commerçants est élevé, pourtant le quintal de blé dur se vend à 2285 DA.» Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Saïd Barkat montre un optimisme démesuré, car les stocks en céréales suffisent amplement à satisfaire la demande locale. Cependant, «on doit rester vigilants» a-t-il précisé. D'où vient cette satisfaction sachant que le prix du sac de semoule a atteint des pics au point de devenir inabordable pour certains pères et mères de famille. A la question de savoir si ce prix de 1250DA flambera encore une fois, le ministre a renvoyé la balle aux commerçants, d'abord, puis au département du Commerce. «Le prix affiché par les commerçants est élevé, pourtant le quintal de blé dur se vend à 2285DA», précise le ministre lors d'une conférence de presse animée, hier, à l'hôtel Hilton en marge de la 20e session de la Commission des statistiques agricoles pour l'Afrique (Casa), à laquelle ont participé 45 pays africains ainsi que l'Angleterre et les USA en qualité d'observateurs. Et d'ajouter qu'«un contrôle rigoureux se fera désormais aux fins d'éviter d'autres flambées imprévisibles». Une révélation en appelle d'autres. En l'espace d'une semaine, trois ministres avouent leur «impuissance.» Le département de Barkat n'est pas épargné par cette crise qui perdure, au grand dam du citoyen. Dans le même contexte, M.Guy de Lannoy, représentant de la FAO en Algérie, a précisé que «l'accès à la nourriture doit être facilité tenant compte des capacités financières du citoyen.» Comment y parvenir? La régulation de la production locale est une nécessité, sinon, a-t-il poursuivi, l'Algérie dépendra éternellement du marché extérieur. Dans un autre chapitre, M.Barkat a, à l'instar des autres conférenciers, précisé qu'il est temps de faire le point sur la situation des statistiques agricoles et alimentaires en Algérie, comme dans les autres pays du continent africain. Car, en dépit de son importance, l'agriculture est le secteur qui souffre le plus du manque d'enquêtes réalisées. La mise en place d'un système de statistiques fonctionnel et durable s'est révélé comme une urgence. A la suite des bouleversements climatiques, les pays de la FAO sont interpellés pour mettre en place ce dispositif. La sécheresse, la pauvreté et la sécurité alimentaire sont hautement concernées. A ce sujet, M.Baïs Idir, directeur des statistiques et des systèmes d'information au niveau du ministère de l'Agriculture, a précisé qu'un plan d'action des statistiques agricoles 2007-2009 sera mis en place. Des lacunes et des statistiques sans fiabilité dans le secteur agricole existent, reconnaît notre interlocuteur. «On doit avoir les mêmes méthodes et concepts de statistiques que les autres pays du monde. Autrement dit, c'est de la comparabilité internationale», a-t-il enchaîné. L'élaboration d'une stratégie de développement des statistiques agricoles constitue le grand défi pour les participants à cette manifestation continentale.