C'est à une mobilisation extraordinaire que vont être astreints les policiers. C'est le sujet de conversation dominant qu'entretiennent les agents de police depuis que le Dgsn, M.Ali Tounsi, a annoncé, il y a quelques jours, l'imminence d'un «vaste mouvement» dans les rangs de ce service de sécurité. Ce n'est pas tout, puisqu'il a fait part publiquement, aussi, de «nouvelles dispositions» qui vont être mises en place incessamment. Il faut dire que le double attentat terroriste dans la capitale, le 11 décembre dernier, a eu de grands effets collatéraux sur les policiers et a même réussi à leur donner un sentiment de culpabilité malgré le fait, admis par tout le monde, qu'il n'y a de parade à l'action kamikaze que le renseignement. Ce qui fait dire à beaucoup d'observateurs que ce sont les services des renseignements généraux qui seront les plus concernés par les mesures que compte prendre Tounsi. Ce dernier tient compte de l'exacerbation qu'éprouvent les Algériens envers les terroristes qui sèment la mort, maintenant, sans distinction parmi les civils. Il veut que les policiers se rapprochent encore plus des citoyens pour prendre en charge le formidable élan populaire qui a été constaté contre les criminels de la «multinationale» Al Qaîda. En témoignent les nombreuses scènes d'accolades données par les citoyens aux policiers rencontrés dans la rue pour leur souhaiter une bonne fête de l'Aïd. Un élan populaire qui, bien encadré, peut s'avérer d'une efficacité redoutable pour les services de sécurité dans leur lutte contre le terrorisme. «Nous sommes face à un ennemi qui ne recule devant rien...Il n'y a que ceux qui peuvent assumer la charge de lui faire face qui vont rester dans nos rangs», a asséné le Dgsn à ses cadres, réunis à l'occasion de la cérémonie des voeux de l'Aïd El Adha, rapporte le quotidien El Moudjahid. On ne peut être plus clair. Un sérieux tour de vis s'annonce dans le corps de la police. Moins dans les structures de la voie publique qui régulent la circulation automobile (encore que...), il va de soi, que dans celles des brigades d'intervention et des cellules chargées de la collecte d'informations. Il est également question de changement à la tête des sûretés de wilaya et des sûretés de daïra. Ceux qui seront maintenus ou simplement mutés ailleurs seront choisis parmi les meilleurs. Quant aux autres, il est prévu leur affectation à des postes subalternes. Le mouvement annoncé a tous les signes d'une grande opération en profondeur tant le directeur général de la police reconnaît avoir constaté «l'incapacité de certains (policiers Ndlr) à gérer les crises et les situations extrêmes». En effet, le pays vit des moments d'une extrême gravité qui ne laissent aucune place à la complaisance ou au relâchement. Surtout parmi les corps de sécurité. «Je serai intransigeant...car le laxisme peut coûter la vie à des citoyens», a martelé M.Tounsi. Ainsi donc, c'est à une mobilisation extraordinaire que vont être astreints les policiers. Pour bien mener cette nouvelle étape dans la vie de la Sûreté nationale, des sanctions, positives et négatives, sont prévues. Profitant au passage pour dire que de telles sanctions devraient être de rigueur dans toutes les institutions du pays. Ce «coup de colère» de M.Tounsi est totalement compréhensible. Etre policier en temps de paix et en temps de guerre, n'implique pas, mais alors pas du tout, un même comportement. Depuis ces rappels à l'ordre lancés par le Dgsn, les couloirs des commissariats bruissent des changements qui vont avoir lieu. Chacun y va de «son information» et tous sont sur le qui-vive. Voilà déjà un premier résultat positif des avertissements de M.Ali Tounsi. Le plus gros résultat ne va pas tarder.