Née en 1953 à Karachi au sein d'une dynastie de richissimes propriétaires terriens de la province du Sind, elle avait pour idole son père. Benazir Bhutto, tuée jeudi dernier dans un attentat lors d'un meeting électoral au Pakistan, s'est forgée une stature d'icône internationale à la fin des années 80 en reprenant, à seulement 35 ans, le flambeau de son père, Zulfiqar Ali Bhutto, pendu par un régime militaire en 1979. Belle et autoritaire, issue d'une grande famille de propriétaires terriens, Benazir Bhutto a été la première femme de l'ère moderne à diriger un pays musulman. Deux fois Premier ministre de la République islamique du Pakistan, de 1988 à 1990 et de 1993 à 1996, elle fut aussi par deux fois, démise de ses fonctions pour «corruption» et «mauvais usage» du pouvoir. A 54 ans, elle avait mis fin à la mi-octobre, à huit ans d'exil à la faveur d'une amnistie décrétée par le président Pervez Musharraf, à la recherche d'alliés politiques pour soutenir son régime militaire, aux abois. Son arrivée triomphale le 18 octobre à Karachi, la mégalopole du sud du pays, avait été endeuillée par le plus violent attentat jamais commis au Pakistan: deux kamikazes s'étaient fait exploser contre son convoi, tuant 139 personnes. Benazir Bhutto n'avait dû qu'au blindage de son autobus de campagne de réchapper à cet attentat, attribué par les autorités aux extrémistes islamistes dont elle était une adversaire déterminée. Revenue au Pakistan pour tenter, à l'instigation de Washington, de composer avec le général Musharraf un partage du pouvoir après les élections générales du 8 janvier, elle avait rapidement abandonné toute idée de collaboration lors de l'imposition de l'état d'urgence, le 3 novembre dernier. Née le 21 juin 1953 à Karachi au sein d'une dynastie de richissimes propriétaires terriens de la province du Sind, elle avait pour idole son père. Ministre, président de la République (1971-1973) puis Chef du gouvernement (1973-1977), Zulfiqar Ali Bhutto avait un discours socialiste frisant le populisme, mais sa mémoire, encore adulée au Pakistan, a largement bénéficié à sa fille. En 1977, alors qu'elle achève des études menées à Harvard puis Oxford, son père est renversé par le général Zia ul-Haq, puis pendu en avril 1979, pour avoir, disent ses accusateurs, fait assassiner un adversaire politique. Benazir est emprisonnée avec les siens, quelques mois, avant un régime plus souple de résidence surveillée puis l'exil à Londres, jusqu'en 1986. L'heure d'une première revanche sonne quand le Parti du peuple pakistanais (PPP), fondé par son père en 1967, remporte l'élection de novembre 1988. A la tête du gouvernement, elle séduit d'emblée dans le monde entier par sa force de caractère mais aussi par son courage et son charme, qui lui vaudront la une d'innombrables magazines féminins, tout comme son amie Lady Di. Mais les résultats économiques ne sont pas au rendez-vous. Et son mari, un homme d'affaires, est accusé de toutes les malversations. Son entourage aussi. En août 1990, le président Ghulam Ishaq Khan la limoge. Son rival conservateur, Nawaz Sharif, la remplace avant d'être évincé à son tour en octobre 1993. Après des élections victorieuses du PPP, c'est la deuxième revanche. Mais le couple Asif-Benazir est de plus en plus la cible des milieux politiques et judiciaires. Selon le Wall Street Journal, en 2007, les détournements de fonds et commissions illicites auraient apporté de 100 millions à 1,5 milliard de dollars à son mari. «Un complot», se défend Benazir. En octobre 1996, le président Farooq Ahmed Leghari démet «la sultane». En 1997, le PPP perd les élections. Et, en 1999, Mme Bhutto, en exil, est condamnée à cinq ans de prison et à 8,6 millions de dollars d'amende pour corruption, tout comme son mari. Mais en appel, la Cour suprême annule ce jugement en 2001.