Les coupures fréquentes d'électricité et la mort d'un jeune tué par balles, par un gendarme, seraient à l'origine de la grogne populaire. La localité de Hassi Bounif, distante d'une vingtaine de kilomètres à l'est d'Oran, a vécu une nuit mouvementée caractérisée par des scènes de violence, durant la soirée de samedi à dimanche. Une première dans les annales de cette paisible commune à vocation agricole et qui abrite quelque 8000 âmes. Samedi dernier, aux environs de 17h, plusieurs dizaines de jeunes et moins jeunes sont descendus investir la rue principale de la commune. La manifestation s'est voulue une expression du ras-le-bol des habitants eu égard à leur situation sociale qui ne cesse de se dégrader. Les manifestants ont, dans un premier temps, brûlé des pneus tout en scandant des slogans hostiles à l'égard des pouvoirs locaux. Accusant ces derniers de tous les maux sévissant dans leur localité, tout en ciblant le siège de l'APC. Ainsi, en moins d'une heure, leur nombre a doublé et les jeunes en colère ont pris d'assaut le siège de leur commune. Malgré l'imposant mur de clôture l'Assemblée populaire communale de Hassi Bounif a été sévèrement ciblée par des jets de pierres, alors que les responsables de cette municipalité ont été qualifiés de tous les «noms d'oiseau». Un vif tumulte s'en est suivi. Les manifestants, toujours en colère, n'ont affiché aucune volonté de surseoir à leur mouvement inattendu. Voulant intervenir pour convaincre les émeutiers de se calmer, le président d'APC de Hassi Bounif, fraîchement élu, n'a dû son salut qu'à sa fuite. En dépit de ses promesses de prendre en charge les doléances des manifestants, il a été longuement chahuté. Les émeutiers s'en sont sévèrement pris à l'agence postale de la commune. Outre les blasphèmes et les anathèmes lancés sur place, les manifestants ont brûlé un pneu à l'intérieur même de l'enceinte. Par ailleurs, des tirs de sommation, émanant d'éléments de la Gendarmerie nationale, pas loin du siège de l'APC et de la Poste, auraient été entendus. L'origine de cette montée de violence surprenante des habitants serait due aux coupures fréquentes d'électricité. Plusieurs quartiers sont depuis plusieurs jours sans électricité. Aussi, il semblerait que la manifestation a été motivée par la mort d'un jeune habitant de la localité, tué par un gendarme en faction, la semaine dernière. Selon des témoignages recueillis sur place, ce jeune est un récidiviste connu des services de sécurité. Le gendarme l'aurait surpris en train d'agresser une tierce personne. Se voyant acculé par ce dernier, il aurait brandi une arme blanche. Une rixe s'en est suivie. Une balle est tirée l'atteignant en pleine tête. La mort a été subite. Mis au courant de l'affaire, le groupement de gendarmerie a ouvert une enquête, apprend-on. En outre, cette manifestation intervient quelques heures après que le wali d'Oran eut averti les 26 présidents d'APC, les exhortant de prendre en considération les conditions de vie des citoyens.