Maintenant que les groupes terroristes n'ont plus de couverture politique et ne jouissent plus du soutien populaire, le terrorisme en Algérie n'est plus une fatalité. Le retour à l'affichage des photos des terroristes, la multiplication des barrages sur les axes routiers et des pilonnages ne sont que la partie apparente d'un large programme de déradicalisation. Selon de hauts responsables chargés de la lutte antiterroriste, le recours à d'autres méthodes inspirées des pays musulmans n'est pas écarté durant les prochaines semaines. Il s'agit surtout de travailler en amont, notamment dans les prisons où la reconstitution des réseaux terroristes s'effectue actuellement en toute quiétude. On évoque l'ouverture d'un média, la télévision à d'anciens terroristes repentis qui vont présenter des excuses au peuple algérien et aux familles des victimes. On parle de plus en plus de l'implication des anciens radicalistes dans la lutte contre le terrorisme. Le renseignement étant une valeur marchande de par le monde, pourquoi ne pas utiliser des moyens financiers très attractifs pour infiltrer et détruire ce qui reste des groupes armés? Avec la recrudescence des attentats kamikazes, il est urgent d'attendre toutes ces mesures avec lesquelles la déradicalisation est réellement possible. Des pays comme l'Indonésie ont parfaitement réussi une pareille opération. Aujourd'hui, l'Indonésie qui est le plus grand pays musulman, a réussi à détruire de l'intérieur les réseaux terroristes et gagner la bataille contre les radicalistes. Quel est le secret de ce retentissant succès? L'Indonésie a utilisé un système flexible et simple: il a consisté en l'utilisation des anciens djihadistes reconvertis dans la lutte antiterroriste. La Jamaâh Islamia, une organisation terroriste qui menaçait tout le Sud asiatique, est devenue, grâce à cette technique une coquille vide. Grâce à des mines d'informations données par ces anciens radicalistes mis à contribution, tous les responsables de cette organisation ont été capturés. La police indonésienne a envahi et brisé les bases arrière de cette organisation devenue inopérante. Une police d'élite a été créée qui, à son tour, a établi une banque de données et un réseau de renseignements sur le terrorisme a été établi en un temps record. En 2004, l'Arabie Saoudite a lancé sa propre version de déradicalisation. Grâce à ce programme, des islamistes, qui étaient en prison, ont accepté de collaborer avec les services de sécurité. De même qu'ils ont accepté de suivre des cours accélérés qui visent à convaincre les extrémistes que l'Islam ne tolère pas le terrorisme. A ces actions, les Saoudiens ont combiné le suivi psychologique pour le débriefing. D'autres pays ont créé des variantes sur le programme. L'Egypte, le Singapour, la Malaisie, la Jordanie, le Yémen et le Pakistan ont adopté des stratégies de rééducation, souvent en s'appuyant sur les populations carcérales. Même les nations occidentales, qui font face à la menace radicale, semblent faire l'apprentissage de la déradicalisation. L'été dernier, les Pays-Bas ont consacré l'équivalent de 40 millions de dollars pour lancer le programme consistant en la formation des imams et d'autres dirigeants religieux à encourager le dialogue interculturel. La Grande-Bretagne, étourdie par une vague d'attentats terroristes commis par des citoyens britanniques, a tenté de construire des relations beaucoup plus profondes avec des groupes musulmans qui vivent dans le Royaume.