Le mandat du successeur de cheikh Nahnah a été «riche» en désaccords avec ses proches collaborateurs. Le MSP avance en rangs dispersés. A la veille de la tenue de son congrès, les divergences au sein de la direction, nées au lendemain de l'annonce de la date de ses assises, refont surface. Une véritable guerre de leadership. Le vent de contestation qui souffle sur le parti ne risque-t-il pas d'éjecter M.Bouguerra Soltani hors de la direction? Le débat divise les militants de cette formation islamiste. «Le congrès du MSP est ouvert à toutes les possibilités», affirme M.Abderrahmane Saïdi, vice-président du MSP et potentiel candidat à la présidence du parti. Et de souligner, en filigrane, qu'«il est quasiment impossible de mesurer, aujourd'hui, les chances de chacun des candidats à ce poste». Il appartient aux congressistes de trancher la question. Les chances de Soltani, qui ne cache pas son souhait de briguer un second mandat, «seraient compromises.» Et pour cause, selon Saïdi, le parti a besoin «de renouvellement». «Plusieurs choses doivent être corrigées. D'autres gagneraient à être renforcées. Certaines pratiques doivent être bannies du MSP», soutient Saïdi. «Chacun sera jugé selon son bilan», ajoute-t-il. Parmi les griefs retenus contre Soltani, il y a «cette tendance de vouloir agir en solo sans concerter les membres du bureau national». Notre interlocuteur cite, notamment «la campagne anticorruption menée par le président du MSP. Laquelle a été stoppée par le conseil consultatif». Le mandat du successeur de cheikh Nahnah a été riche en désaccords avec ses proches collaborateurs. Bouguerra Soltani a surpris tout son monde en se positionnant pour l'amnistie générale, alors que ses adversaires soutiennent que la question relative à l'amnistie générale est prématurée. Ce n'est pas la première fois que les positions de Soltani suscitent l'ire et l'opposition des militants du parti. Le pic a été atteint après sa nomination au sein de l'Exécutif au poste de ministre d'Etat, sans portefeuille. Mais ce dernier a réussi à endiguer la crise en ayant l'appui du conseil consultatif. Tout en reconnaissant les divergences au sein de la direction du parti, lesquelles traduisent, à son avis, l'esprit d'ouverture et de démocratie qui y règne, il n'en demeure pas moins que Soltani a tenu chaque fois à remettre les pendules à l'heure et mettre les points sur les «i» en affirmant qu'il est «le porte-parole du MSP». L'autre argument, confortant le souci du changement, est la place, de plus en plus importante, prise par le parti dans l'échiquier politique national. «Le MSP de 2000 n'est pas celui de 2008», argue-t-on. Le parti a la majorité dans 105 communes alors qu'il se contentait auparavant de gérer des élus. Il a conforté sa position à l'APN. Toutes ces donnes «placent le parti en position de force». Le changement revendiqué ne devra pas passer par l'élargissement de la direction. Les cadres du parti rejettent la proposition de Soltani faisant allusion à la possibilité d'aller vers une direction collégiale à l'issue du 4e congrès. «C'est aux militants de choisir de me reconduire à la présidence du parti, de me remplacer ou de mettre en place une direction collégiale», a-t-il soutenu lors de sa dernière conférence. «J'aimerais qu'on nous explique cette notion. Je pense que ce dont a le plus besoin le parti c'est d'une direction unie qui travaille pour l'intérêt du MSP», réplique Abderrahmane Saïdi. En dépit de ces guerres intestines, notre interlocuteur estime que «le MSP prépare son congrès dans la sérénité. Certes, le parti connaît une certaine dynamique à la veille de ce rendez-vous important, mais les cadres du parti se sont entendus pour agir dans le strict respect du règlement intérieur». Notons qu'hier, le bureau national du parti s'est réuni pour fixer l'ordre du jour du conseil consultatif prévu vendredi prochain. Une réunion qui se penchera essentiellement sur le rapport de la commission de préparation du congrès.