Les scénarios pour la province serbe vont de la partition, avec tout ce que cela peut induire comme violence, au statu quo pacifique. Partition, violences généralisées ou incident isolé qui met le feu aux poudres, départs massifs des Serbes ou statu quo, du moins dans un premier temps, sont les scénarios évoqués à Pristina avant une proclamation imminente d'indépendance du Kosovo. La partition. Belgrade et les leaders des Serbes du Kosovo ont dit qu'ils ne reconnaîtraient pas l'indépendance de la province du sud de la Serbie à majorité albanaise. ´´Nous ne l'accepterons pas. Nous continuerons de vivre en Serbie avec nos propres institutions´´, a prévenu un des plus influents leaders des Serbes du Kosovo, Milan Ivanovic. Le Nord, limitrophe de la frontière administrative avec la Serbie où vivent 40.000 des 100.000 Serbes du Kosovo, et les enclaves serbes sont, de facto, gérés par une administration parallèle soutenue par Belgrade (municipalité, policiers, juges...). ´´Tout le monde craint la partition. Mais dans la vie quotidienne c'est déjà une réalité. Il est difficile de dire quand commence la partition. S'il y a une déclaration, dont acte´´, dit une source proche de l'Otan. Les violences généralisées. Tout le monde veut croire qu'elles seront évitées. «Les responsables serbes ont essayé de faire passer le message, à savoir qu'ils ne voulaient pas résister à la déclaration unilatérale d'indépendance (par la violence) sur le terrain (mais que) leur réponse serait de renforcer leurs structures» parallèles, note Alex Anderson de l'International Crisis Group (ICG). Responsables et habitants du Kosovo (serbe et albanais) avancent que les Kosavars n'ont aucun intérêt à déclencher des violences tout juste devenus indépendants «sous surveillance internationale». «Ils vont devoir montrer au monde qu'ils savent bien se comporter», espère Srecko Simic, serbe d'Orahovac (sud-ouest). La provocation isolée, serbe ou albanaise, qui met le feu aux poudres. C'est la grande crainte. «Un rien peut déclencher une flambée de violences», rappelle le commandant Etienne du Fayet de la Tour de la Task Force Nord de la force de l'Otan au Kosovo (Kfor). C'est un incident jamais clarifié qui avait déclenché les émeutes antiserbes de mars 2004 (19 morts, 7 villages brûlés). La Kfor a indiqué faire «très attention aux extrémistes» serbes et albanais. Une des inconnues est l'influence du Premier ministre kosovar, Hashim Thaçi, ex-chef de la guérilla indépendantiste de l'Armée de libération du Kosovo (UCK), qui a promis aux Serbes la sécurité. M.Thaçi, est selon toutes les sources, très respecté par les anciens combattants à Pristina et dans la Drenica (Nord-Ouest). Mais dans l'Ouest, c'est l'influence de l'ex-leader de l'UCK, Ramush Haradinaj, jugé à La Haye pour crimes de guerre, et son Alliance pour le futur du Kosovo (AAK) qui comptent. Les Kosovars ´´sont confiants qu'il ne se passera rien. Mais ils disent qu'ils ne peuvent pas tout contrôler´´, souligne un diplomate européen. Le message de leurs leaders est de rester et les observateurs ont «bon espoir» que la majorité ne partira pas s'il n'y a pas de violences. Pour Belgrade, ´´s'il n'y a plus de Serbes au Kosovo, la province est perdue´´, remarque le diplomate. Tous ceux interrogés disent craindre une «chasse aux Serbes par les Albanais», mais la plupart affirment qu'ils resteront s'ils ne sont pas attaqués. S'ils ne sont pas protégés, «ils partiront mais ils reviendront», affirme M.Ivanovic. Le statu quo. Beaucoup imaginent que chacun vivra de son côté, comme aujourd'hui. «On aura probablement un (Etat dans l'Etat). Si les deux peuvent travailler ensemble, c'est O.K, on ne peut pas l'éviter», dit une source proche de l'ONU. Mais des problèmes liés à la souveraineté risquent de survenir rapidement. «Les Albanais pensent qu'après l'indépendance, il n'y aura plus d'administration (serbe) parallèle mais cela ne se passera pas comme cela. Lors des élections locales en Serbie en mai, (les Serbes) essayeront d'organiser le scrutin au Kosovo», dit M.Anderson.