Dans un communiqué rendu public jeudi dernier, le ministère de l'Intérieur rappelle l'interdiction de toute marche dans la capitale. La mise en garde du département de Yazid Zerhouni est directement adressée à la Coordination des ârchs. Le communiqué, sans citer cette instance a fait explicitement allusion à la manifestation publique prévue pour le 8 août prochain, date de l'ouverture officielle du Festival mondial de la jeunesse. La Coordination des ârchs qui a adressé une lettre aux participants du festival, traitant le pouvoir de «génocidaire», entre autres qualificatifs plus durs les uns que les autres, entend, vraisemblablement, profiter de l'événement pour revenir au devant de la scène, et, partant, trouver le second souffle tant recherché par les animateurs de la protesta qui s'est «enlisée» dans une logique antidialoguiste à outrance. L'entêtement des responsables des ârchs à rejeter toutes les propositions de dialogue, pourtant officiellement exprimées par le Chef du gouvernement, a débouché sur une situation à la limite burlesque, où les conclaves se multiplient sans que l'on sente une évolution notable du mouvement dans le sens d'une solution acceptable à la crise qui secoue la Kabylie depuis plus de trois mois. La marche du 8 août prochain est donc l'occasion rêvée pour taire les divergences qui se sont fait jour ces dernières semaines, même si la manifestation prévue ne règle aucun problème de fond. En effet, interdite ou pas, la prochaine marche des ârchs n'a aucune chance de changer les données fondamentales du problème. Son interdiction par le pouvoir qui, selon des observateurs avertis, était attendue et relève de la préservation de l'autorité de l'Etat, lequel avait prohibé toute manifestation publique à Alger, à la suite des dérives constatées lors de la marche du 14 juin dernier. Il est évident que les animateurs de la Coordination des ârchs savaient pertinemment que leur appel allait essuyer le refus des autorités centrales. Leur objectif premier n'est donc pas de marcher sur la présidence de la République. La seule tentative est, à leur yeux, un acte mobilisateur dont le but est de donner une impression de cohésion et, par conséquent, masquer, les scissions au sein du mouvement, estiment certains observateurs. Il est clair aussi que cette marche interdite constituera une aubaine pour les plus radicaux parmi les manifestants, qui tenteront sans doute de rallumer le feu de la révolte, à l'image de ce qui s'est passé après la marche interdite du 5 juillet dernier. Mercredi prochain ne sera manifestement pas une journée mémorable, comme le soutiennent certains, mais un épisode de plus, un de trop, d'une crise où apparemment personne ne sortira victorieux.